samedi , 27 juillet 2024
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Les télécoms au cœur du covid-19 de Khaouja Ata-Ilah

Les télécoms au cœur du covid-19 de Khaouja Ata-Ilah

En cette période sérieusement inquiétante, et particulièrement grave, adoptons, tout d’abord les gestes sécuritaires qui s’imposent : de la bonne hauteur et de la profondeur juste. Et évitons ensuite la proximité.

Une légère et bonne hauteur astro-nomique.

La NASA a enregistré, tout récemment, à l’aide du robot InSight, des sons autour de la planète Mars. Grâce à une intelligence artificielle des plus sophistiquées jamais développées sur Terre et que seule la Station Spatiale Internationale (SSI) peut déployer, les spationautes ont surpris des planètes, voisines de la nôtre, en train de s’étonner de notre mois de mars inhabituellement calme et glacial. Une conversation époustouflante digne d’une conversation entre deux voisins qui discutaient, du balcon à la rue, et qui s’inquiétaient sur l’état de santé d’une de leur voisine : la Terre. Car le calme, comme, l’absence inquiètent toujours chez les planètes et appellent chez elles, ce que nous avons un peu perdu, des sollicitations de solidarité. A peine croyable, voici la transcription fidèle de l’enregistrement entre la planète Mercure et la planète Vénus, capté, transmis et déchiffré par nos télécoms :

 « Mercure : que se passe-t-il sur Terre. Il y règne un calme froid, elle ne soupire plus : plus de fumées crachées par les cheminées de leurs centrales de toutes sortes et plus de ces feux géants, non plus : ni l’australien ni le brésilien. Elle ne doit pas être fiévreuse, puisqu’elle ne transpire pas comme d’habitude : plus d’inondations. On dirait une planète à l’arrêt ou encours de maintenance.

Vénus : je n’ai pas fait attention. Tu as raison. On dirait, plutôt, un globe fermé pour cause d’inventaire… sanitaire.

Mercure : regarde bien, on arrive même à l’observer de loin sans sa couche polluante. Sans ces insectes métalliques qui transportent ses habitants ainsi que leurs marchandises.  D’habitude, ils rôdent autour d’elle tels des vautours qui tournent autour de leur proie avant qu’elle ne succombe et qu’elle ne devienne charogne ! Ces rapaces sont presque tous cloués au sol. Seraient-ils en train de la dévorer ? Serait-elle déjà morte ?

Vénus : maintenant que tu le dis, j’y pense tout d’un coup. J’ai entendu Mars dire à Jupiter que la Terre serait atteinte d’un virus mortellement dangereux depuis très peu.

Mercure : et qu’est-ce ce virus ?

Vénus : ça serait l’Homme.

Mercure, tout en rassurant Vénus : ah ! le virus humain. Il ne dure pas longtemps. S’il continue à l’agacer, elle peut facilement, comme cela s’est déjà arrivé par le passé, le baigner dans un lâcher d’eau… »

A cet instant précis, quelques signaux parasites, ont brouillé la conversation avant de l’interrompre : les liaisons en bande S et en bande KU, utilisées à ces hauteurs de la Terre, ont été perturbés par un passage d’un convoi SpaceX, destiné justement à ravitailler la SSI…

Pendant que nous tromblons de trouille face à un rien de virus, nous oublions que nous sommes de véritables microbes, au vu des grands : coronavirus est à l’homme ce que l’homme, intelligence et force en moins, est aux planètes. ! Nous oublions également que la Terre n’est pas toute seule : les autres planètes veillent également sur elle, comme on veille sur la petite sœur. A ce propos, on dit qu’à un moment de l’histoire, les dinosaures, ayant menacé sans doute l’équilibre de la Terre, ont été éteint à cause d’un astéroïde : quelle est la planète qui a tiré sur eux et les a, ainsi, à jamais lapidés ? On dit également que la Terre a traversé une ère glaciaire : pourquoi le soleil a baissé le thermostat ?

Une légère et bienveillante profondeur nano-scopique.

Cette deuxième scène irréaliste s’est passée, courant décembre de l’année écoulée, pendant que tout le monde s’affairait dans les préparations des fêtes de fin d’année. Une de ces conversations digne d’un échange entre deux collègues de travail assis à une terrasse de café après une journée de labour. Cette scène s’est déroulée, dans un marché ouvert d’une grande ville asiatique, entre deux virus : un jeune COVID-19 en bonne santé, dynamique et ambitieux, qui prévoit une carrière à l’internationale et un SRAS fatigué et proche de la retraite.

« SRAS : comment vas-tu ? Tu as l’air impatient et pressé !

COVID-19 : je vais bien. Mais les temps commencent à se compliquer ici.

SRAS : et pourquoi donc ? Qu’est-ce qui se passe ?

COVID-19 : des humains sont de plus en plus suspicieux. Ils scrutent tous mes déplacements devenus, du coup, très réduits. Et tous mes accès d’avant sont maintenant refusés… Et ça se passe comment pour toi ?

SRAS : comme tu le sais, je suis proche de la retraire. Je vis sur mes économies réalisées entre 2002 et 2003. Sinon, je ne suis pas contrôlé comme toi. Et que comptes-tu faire alors ?

COVID-19: je pense sérieusement à m’expatrier. Je souhaite faire un grand tour en Europe, prospecter l’Italie pour commencer, où j’ai Airbnb-isé quelques mois. Une fois sur place, je pourrai faire des sauts en Espagne, en France, pourquoi pas en Angleterre. Et bien d’autres pays… une fois ma réputation bien bâtie en Europe, j’aimerais également passer un peu de temps aux Etats-Unis… Avoir de ces solides références sur son CV ça ouvre des perspectives de carrière.

SRAS : et tu ne serais pas tenté par une expérience en Afrique ?

COVID-19 : j’aimerais bien, surtout que j’apprécie énormément sa culture et sa nature, mais il y fait trop chaud. Par contre, j’accepterai volontiers quelques missions, vers la fin de ma tournée européo-américaine, pourquoi pas ! … Je te laisse, mon Uber vient d’arriver : une belle chaussure, elle doit être à coup sûr européenne, et à sa forme et à la qualité de son cuir, elle ne peut être qu’Italienne. Je te laisse. A plus tard.

SRAS : Eh ! Fait attention aux enfants !

COVID-19 : détrompes-toi, je ne suis pas une varicelle.

Juste après les adieux, le COVD-19 s’est laissé transporter par cette chaussure pure cuir, chaussure d’un retraité qui venait de finir ses vacances en famille et qui se dirigeait vers l’aéroport pour embarquer à bord du vol qui l’attendait à destination de l’Italie…

Une légère et étroite proximité humaine.

Fraîchement retraités, ils étaient mariés depuis une quarantaine d’années ; elle venait de céder son cabinet médical en novembre 2019 ; lui était, jusqu’au mois d’août, passionné d’informatique durant toute sa carrière. Son cheval de bataille à lui ? La traque des virus informatiques et des attaques des hackers. Sa passion ? L’identification numérique et particulièrement la radio-identification par les puces RFID. Pour fêter leur retraite et leur vie commune, ils avaient préféré des vacances asiatiques qu’ils viennent de terminer. Ce voyage a débordé de bonheur toutes leurs attentes : une nature splendide, une population chaleureuse et des coutumes douces et adorables. Bref, dans le taxi qui les menait à l’aéroport où les attendait leur vol de retour vers l’Italie, ils regrettaient déjà la fin du séjour et ils auraient bien aimé le prolonger si ne les pressaient pas les fêtes de fin d’année…

Arrivés à Milan, le douanier les contrôle et fait payer à l’informaticien les taxes relatives à ses achats soumis à TVA (quelques centaines de puces RFID)…
Dans leur foyer où les attendait toute la famille, ils ont partagé, jusqu’à tard dans la nuit, leurs souvenirs avec la foule présente : une quarantaine de présents… Au réveil, le lendemain, l’un éprouvait curieusement une fatigue, inhabituelle, très intense accompagnée de fièvre… l’autre peine à respirer et ne sent plus l’odeur de son café matinal…

Hospitalisés le matin même… ils étaient les premiers à être sur la liste des victimes de cette puce COVID-19 que monsieur, sans s’en apercevoir, a rapatrié malgré lui lors de son passage au marché le matin de son retour avant de prendre l’avion… Puce qui, ayant échappé aux radars douaniers, a profité de la traversée aérienne pour s’installer dans les parties les plus internes et les plus intestines des deux touristes…

Les télécoms au secours de l’attaque virale.

Retour aux choses sérieuses et aux télécoms après cette parenthèse science-fictive.

La petite bestiole fait son chemin, tête baissée, déterminée et sereine. On fait tout, sans y parvenir, pour la décourager, elle reste très ambitieuse. On fait appel aux forces de l’ordre pour faire respecter les décrets de confinement… sans total succès. Alors on fait sortir les armées des casernes et leurs blindés défilant dans les rues et sur les routes tentent de contraindre les populations à respecter l’isolement. Et comme cela reste encore insuffisant, les états appellent au secours les technologies des télécoms pour contenir les ravages d’un virus qui s’étend comme une trainée de poudre à travers les continents.

Ainsi, nombre de pays ont fait recours aux drones pour, dans un premier temps, veiller au respect du confinement, dissuader les passants de regagner leur domicile et surveiller ceux qui transgressent les consignes. Ou encore on utilise des caméras infrarouges à bord de drones pour prendre, sans aucun risque, la température des passants. Ou enfin, pour assurer l’épandage et la désinfection des lieux ou des populations à risque…

D’autres, ont décidé le rationnement des bandes passantes des télécoms afin d’assurer une bonne fluidité aux servies vitaux durant la crise sanitaire : priorité aux hôpitaux, ambulanciers, police, armée…Des opérateurs télécoms ont même opté pour la collaborations avec les états pour pister les citoyens récalcitrants qui enfreindraient la loi du confinement : les utilisateurs de téléphones sont tracés et dès que leur nombre dépasse le respect des barrières sécuritaires, des alarmes se déclenchent…

Et dernière innovation : munies de caméras thermique et moyennant une véritable intelligence artificielle, des lunettes connectées détectent, avec une faible marge d’erreur, dans un rayon d’un mètre, les personnes susceptibles d’être atteintes du virus…

Les coïncidences troublantes de coronavirus.

D’abord le nom de la bestiole. COVI-19, pour COrona VIrus Disease 19 s’appelait coronavirus, par référence à sa forme qui ressemble à une couronne. Or « couronne » est d’abord une forme circulaire donc fermée et entourée, ce qui est une autre façon de dire confinée. Nous y sommes : est-ce que la forme du virus annonçait déjà notre enfermement ? Probable. Il fallait prendre au sérieux la forme du virus.

Une couronne est une forme circulaire et vide au milieu comme sont devenues toutes nos arènes de sports et de spectacles : tous les stades, tous les théâtres, tous les amphithéâtres ont été désertés de leurs publics. Est-ce que le virus nous prévenait, par ce vide central, que toutes les compétitions locales et nationales ainsi que toutes les représentations olympiques et internationales allaient être annulées ? Envisageable. Il fallait tenir compte du vide de la couronne.

D’autre part, le même mot couronne renvoie à la tête, au pouvoir et au commandement. La tête qui se disait ou chef ou cap. Chef qu’on retrouve toujours dans couvre-chef, c’est-à-dire couvre tête, et cap qui siège dans décapité, tête coupée ou décapotable tête à couper ou encore dans capitale d’un pays, qu’on appelle aussi chef-lieu. Mais chef, comme tête, renvoie aussi et surtout à capital dont le pluriel est capitaux, forme récente du mot chetel devenu cheptel c’est-à-dire têtes de bétail. Capital ou capitaux donc capitalisme, et nous y sommes à nouveau : est-ce que ce virus est si intelligent qu’il nous nargue par sa couronne sur sa tête, pour nous signaler que son but capital, son cap final, donc véritable pouvoir, au-delà des vies humaines, ce sont nos capitaux c’est-à-dire le pouvoir qui commande et qui fait le nerf de la guerre : notre économie et nos finances ? Ou bien serait-il une de ces mains invisibles d’Adam Smith ? Possible. Il ne fallait donc pas mépriser ni le virus ni son nom.

Continuons : tout semble avoir pris le départ de Chine qui est le seul pays au monde connu pour vivre entouré d’une muraille, jamais construite par l’Homme à la fois en longueur, en surface et en masse. Alors, ce virus est-il si intelligent pour que le lieu de son départ présageait ce qui allait arriver quelques mois plus tard : presque toute l’humanité encagée et enfermée entre quatre murs ? Vraisemblable. Il fallait faire attention à son lieu de naissance.

Enfin, les premiers cas de personnes atteintes du COVID-19 ont été signalés le mardi 31 décembre 2019. Tout s’est accéléré au cours du mois de mars. Or encore, mardi comme le mois de mars, renvoient à Mars qui, dans l’Antiquité Romaine, plus large que l’Italie actuelle ! est synonyme de guerre. Alors ce virus serait-il si guerrier, pardon, si martial et si dangereux, pardon encore, si virulent pour déclarer la guerre au monde entier, et tout particulièrement à l’Italie, durant le mois qui rappelle justement la guerre ?  Acceptable. Il fallait faire attention à sa date de naissance.

Pour finir.

Nous nous vantons, depuis l’avènement du numérique, que nous vivions dans un village planétaire. Et voilà qu’une petite puce nous confine et transforme nos villages et nos quartiers en des étendues si étrangères à nous-mêmes qu’on les dirait des infinis silencieux et effrayants : des espaces martiens !

Enfin, nous aimons nous vanter, également, de nos déplacements intercontinentaux : plus de la moitié de l’humanité, avant le début de cette crise, était dans les airs : plus de quatre milliards de voyageurs ont été transportés par avion rien qu’en 2018 ; sans compter tous ceux qui bougent sur les mers ou qui sillonnent les routes terrestres : nous sommes de véritables gitans ou gens du voyage. Nous qui sommes des nomades éternels et des immigrés aux portes de la Terre et, depuis peu, aux confins de Mars et autres astres, nous voici sommés à tenir sur place, à ne pas bouger et à vivre la semaine des sept dimanches ! Pas belle, intelligente et forte la vie… d’un virus virtuel et virulent ?

Par Khaouja Ata-Ilah

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