Après que les réseaux de quatrième génération des mobiles (4G) ont commencé à faire leurs preuves dans certains pays au niveau des quatre continents (Amérique, Asie, Europe et Océanie), l’implémentation de ces réseaux, est en cours aussi dans certains pays de notre continent Afrique. Ainsi au Maroc les opérateurs ont commencé à commercialiser la 4G à partir de juin 2015.
Au Maroc, dès le mois de mars 2015 les trois opérateurs télécoms marocains, dits terrestres, se sont vus attribués le droit d’exploiter la technologie mobile de quatrième génération (4G). Cette technologie, qui garantit des débits théoriques autour de 100Mb/s, succède à la 3G, qui était mise en service au Maroc à partir de 2008 et qui offre un débit théorique autour de 42Mb/s.
Les trois opérateurs marocains ont acquis le droit pour une exploitation de la 4G dans les trois bandes de fréquences, 800 Mhz, 1800 Mhz et 2,6 GHz.
Cet article se propose, de donner dans un premier temps, un petit vent d’histoire sur l’évolution du développement des mobiles dans le temps , de définir la 4G ainsi que les bandes de fréquences attribuées notamment aux trois opérateurs marocains, d’évoquer brièvement la compatibilité des terminaux 4G, de traiter la problématique des tarifs et enfin, avant la conclusion d’aborder les quelques préalables pour le succès de la 4G.
Dans le temps, le premier qui a évoqué la possibilité d’utiliser un téléphone mobile en s’appuyant sur la radio pour téléphoner à distance à partir par exemple d’une voiture c’était M. J.R Brinkley (1885-1942). C’était un médecin encyclopédiste américain passionné de la radiocommunication, qui est le premier à avoir affirmé à la fin des années 30 : « que dans 20 ans nos voitures seront équipées avec des mobiles pour téléphoner à domicile ou au bureau ». Il fallait attendre non pas 20 ans mais plus pour voir la concrétisation de la première expérience de téléphone mobile. Ainsi la première génération des mobiles (1G), fonctionnaient en mode analogique a vu le jour il y a 42 ans, exactement le 3 avril 1973, à New-York, grâce à l’ingénieur Martin Cooper qui a effectué une communication téléphonique et ce pour la première fois à partir d’un téléphone mobile. Mais la vraie révolution des mobiles a commencé avec la norme Global System for Mobile Communications (GSM), dite de deuxième génération (2G), qui est apparue en 1992. Quant à la troisième génération (3G), elle désigne une génération de normes de téléphonie mobile qui est apparue début des années 2000. Enfin, la 4G s’appuyant sur la technologie mondiale du « Long Term Evolution » (LTE), garantit des débits jusqu’à dix fois plus vite que la 3G. Quant aux évolutions, on parle déjà de la norme LTE-Advanced qui est une évolution de la norme 4G, permettant d’atteindre des débits de téléchargement de 1 Gb/s à l’arrêt et à plus de 100 Mb/s pour un terminal en mouvement.
La 4G, est un réseau offrant des services mobiles, de très haut débit mobile qui peut atteindre un débit théorique de 100 mégabits/seconde (voir plus dans certains cas).La 4G comparée à la 3G, permet une vitesse de chargement jusqu’à dix fois plus rapide. La 4G va permettre de naviguer sur la toile internet confortablement et surtout de télécharger des séquences vidéo relativement plus vite. Avec la 4G, la vitesse de téléchargement du terminal et les dispositifs de visioconférence vont être améliorés pour profiter des débits de la 4G. Par exemple, on peut télécharger un album qui prendrait 10 secondes en 4G au lieu de plus d’une minute en 3G, et un film en 2 minutes au lieu d’un quart d’heure. L’avènement de la 4G va permettre normalement l’amélioration du débit des services déjà offerts par la 3G et certainement contribuer à l’apparition de nouveaux services, comme par exemple le cloud.
En attendant l’implémentation du protocole dit « Volte » dans les équipements 4G en Afrique, les appels c’est-à-dire la voix, vont continuer à transiter par les réseaux mobiles GSM et 3G. En France, l’implémentation de ce protocole est prévue fin 2015.
Etant la première technologie à avoir été conçue pour la data, les performances de la 4G en matière de la data, sont meilleures que celles de la 3G et notamment en ce qui concerne le débit descendant.
Quant aux terminaux, ils doivent être adaptés à la technologie 4G et aux bandes de fréquences attribuées aux opérateurs télécoms au Maroc. Mais tous les smartphones ne sont pas compatibles. Par exemple, les terminaux asiatiques et américains conçus pour fonctionner dans la bande 700 Mhz ne fonctionnent pas, dans une situation de Roaming, ni en Europe ni au Maroc actuellement. Etant donné que le Maroc a opté pour les mêmes bandes de fréquences déjà opérationnelles en Europe, les terminaux fonctionnant en Europe ne posent aucun problème à être utilisés en situation de Roaming au Maroc et réciproquement. Par ailleurs, les dispositions techniques sont prévues pour permettre aux terminaux compatibles de basculer automatiquement de la 4G à la 2G ou à la 3G lorsqu’on voudrait passer un appel ou lorsqu’on quitte une zone couverte en 4 G.
Le Maroc appartient à la zone 1 du plan mondial des fréquences. La même à laquelle appartiennent aussi l’Afrique et l’Europe. Pour cette raison le Maroc a fait le même choix que l’Europe, en décidant de réserver les bandes de fréquence de 800 MHz et de 2 600 MHz pour les réseaux de téléphonie mobile 4G. Mais dans beaucoup de pays, notamment européens, les opérateurs ont réutilisé la bande de fréquence des 1 800 MHz initialement attribuée au GSM (2G). Le Maroc a opté aussi pour le même choix.
La 4G est la première technologie mobile qui permet le très haut débit en fréquences basses (800 MHz). Ces Fréquences dans la bande 800Mhz sont payées relativement plus chères. Car la bande des 800 MHz a une portée relativement meilleure, limitant en théorie le nombre de relais pour le déploiement du réseau 4G et de ce fait ces fréquences permettent d’assurer de la couverture, soit dans des zones éloignées ou dans les zones urbaines. Elle pénètre également mieux à l’intérieur des bâtiments. Cette bande 800 Mhz ne nécessite pas beaucoup d’investissements pour les opérateurs télécoms comme pour les cas des deux autres bandes. Par contre si la bande des 800 MHz est parfaitement adaptée aux zones rurales, elle ne l’est pas dans les zones fortement denses avec un trafic intense.
Quant à La bande de 2600 MHz, elle présente des caractéristiques opposées au 800 MHz. Elle ne peut couvrir qu’une surface de faible rayon. Elle traverse moins facilement les murs que les fréquences de la bande 800 Mhz. Ses caractéristiques font qu’elle est plus adaptée pour une utilisation en ville où elle est plus à même d’accepter un trafic intense. Mais pour parvenir à traiter plus de trafic issu des smartphones, il faut avoir une largeur de bande importante. C’est pour cela que tous les opérateurs ont pris plus de blocs de fréquences en 2600 MHz qu’en 800 MHz. La bande 1800 MHz, est aussi considérée comme meilleure, du fait qu’elle possède les caractéristiques techniques, situées entre la bande 800 MHz et celle de 2600 MHz.
Théoriquement les tarifs des offres de la 4G seront appelés à être plus importantes que ceux de la 3G, car les usagers doivent payer la valeur ajoutée de la 4G. Mais en réalité tout dépendra de la stratégie de chaque opérateur pour offrir la 4G plus chère ou au même niveau de prix que la 3G. Dans tous les cas, les appels seront facturés au même prix que dans la 3G ou la 2G car la voix dans la 4G va continuer à transiter par les réseaux mobiles 2G et 3G, en attendant le protocole « volte » qui sera implémenté dans les réseaux 4G au niveau mondial y compris le Maroc.
Généralement, la tarification de services « data » constitue actuellement un sujet complexe pour les opérateurs mobiles y compris ceux de la 4G. Il existe plusieurs manières de facturer l’usager. En Europe, les offres illimitées ont été remplacées par des offres facturées au volume ou en fonction de la vitesse ou en fonction des deux. Au-delà des différents modes de facturation qui existent, les usagers généralement souhaitent une tarification forfaitaire permettant une utilisation illimitée en volume et en durée. Au Maroc, les opérateurs appliqueront certainement des tarifs adaptés aux besoins et au profil de l’usager. On ne peut pas demander à celui qui ne fait que consulter ses e-mails de payer la même chose que quelqu’un qui fait du transfert d’une quantité de données plus importante. Ainsi, l’arrivée des offres 4G, plus consommatrices de contenus, devrait amener les opérateurs à poursuivre l’adaptation de leurs forfaits aux usagers de leurs clients. Dans tous les cas les acteurs sur le marché marocain doivent être en mesure d’élaborer un modèle qui va permettre à tout le monde de s’en sortir; aux opérateurs d’amortir leurs investissements déjà réalisés ou ceux à réaliser et aux usagers de continuer à consommer le très haut débit dans de bonnes conditions. Certainement, les opérateurs vont continuer aussi à agir en amont , dans le cadre d’un contrat win-win entre eux pour chercher à réduire les coûts notamment par le partage, qui dans certains cas peut générer des gains entre 10 et 30% de l’ensemble des coûts.
Le très haut débit par fibre optique ça ne sera pas pour demain pour l’Afrique étant donné le manque d’infrastructure pour assurer une grande couverture acceptable et aussi par manque de rentabilité financière pour ces réseaux très haut débit. Le financement du génie civil qui constitue 70% de l’investissement de l’infrastructure fibre optique sera difficilement assuré étant donné que les organismes de financement n’aiment pas financer que les projets rentables et où il existe une certaine valeur ajoutée. Donc par manque d’infrastructure fibre optique, la 4G est une grande opportunité à terme pour le Maroc et pour notre continent pour le développement du très haut débit pour les particuliers et pour les entreprises, surtout dans la bande 800 Mhz et plus tard dans celle des 700 Mhz. En effet ces bandes qui ont l’avantage de ne pas nécessiter beaucoup d’investissement permettent d’assurer de la couverture contrairement à la 2,6 GHz qui est destinée plutôt pour l’urbain dense comme Casablanca. La 4G dans la bande 800Mhz pourra constituer une belle opportunité pour améliorer certains secteurs dont ceux de la santé et de l’éducation.
Mais cette évolution va nécessiter d’entreprendre des actions : facilitant l’accès aux opérateurs télécoms aux sites hauts administratifs et aux terrains de l’Etat et des collectivités locales, encourageant le partage des infrastructures dites passives entre opérateurs dans le cadre de contrats dit gagnant-gagnant, favorisant le développement d’un contenu adapté à notre continent notamment en relation avec l’éducation et la santé et des actions permettant de commencer la préparation du deuxième dividende dans la bande dite « world band » des 700Mhz. Signalant que la France vient de lancer le deuxième dividende afin de libérer la bande 700 Mhz pour le besoin de la 4G.
En ce qui concerne l’avenir, plusieurs équipementiers ont annoncé l’avènement de la 5G au congrès mondial des mobiles tenu à Barcelone du 02 au 05 mars 2015. Ils prévoient, d’ici 2022, des réseaux 5G offrant des débits autour de 10 Gb/s par terminal dans des bandes supérieures à 15 GHz !. L’Union internationale des télécoms vient de lancer les études nécessaires en vue de se préparer à la 5G.
La conférence mondiale de la Radiocommunication organisée par l’Union Internationale des Télécommunications en 2018, projette de traiter les bandes de fréquences supérieures à 6Ghz destinées aux réseaux mobiles de demain notamment ceux de la 5G ! Mais pour certains experts, à long terme on va certainement aller dans le sens d’une grande complémentarité entre les réseaux wifi du fixe avec tous les réseaux mobiles et ce afin de soulager ces derniers!
Par Ahmed Khaouja
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