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Les réseaux télécoms du futur et l’économie des applications

Les réseaux télécoms du futur et l’économie des applications

Les nouvelles exigences en matière d’infrastructure de télécommunications, l’économie de l’application, les plateformes numériques, la sécurité des réseaux et les tendances de la régulation ont été les thèmes abordés lors du forum, tenu à Tunis les 21 et 22 février 2017, sur les réseaux du futur par l’Union internationale des télécommunications (UIT) et à l’initiative du Centre d’information, de formation, de documentation et d’études en technologies des communications (CIFODE’COM) en Tunisie.

Ci-après la synthèse des deux  interventions que j’ai assurée à ce forum en tant qu’expert de l’UIT. Je tiens à préciser aux lecteurs que l’ensemble des présentations sont disponibles au lien suivant :

http://www.itu.int/en/ITU-D/Regional-Presence/ArabStates/Pages/Events/2017/FNET/FNET.aspx

Tout d’abord concernant le cloud computing :

Le Cloud, permet à une entreprise ou un particulier : d’héberger, d’exécuter des applications ou des services et de stocker des données à distance. Le Cloud repose sur un espace virtuel, « le nuage », qui concentre des ressources  informatiques standardisées chez des prestataires. Ces ressources sont délivrées à la demande, via Internet et l’utilisateur ne paye que ce qu’il utilise. Le marché mondial des services du Cloud a cru de 16,5% en 2016 selon le cabinet Gartner. Le chiffre d’affaires attendu fin 2017 est  estimé  à 204 milliards de dollars. Depuis son avènement  en 1999, le Cloud s’est développé presque sans normes. Mais récemment l’UIT et l’ISO ont adopté une normalisation en la matière. Quant au côté réglementation, il y a nécessité d’un cadre complet qui doit tenir compte notamment, du traitement des données à caractère personnel, de la règlementation sur les télécoms, de la règlementation liée aux activités du Commerce électronique.telecom lte

Dans la plupart des pays, il y a encore une absence de régime règlementaire spécifique au Cloud. On utilise par extension la réglementation déjà existante. Les entreprises sont ainsi amenées à contractualiser les services de Cloud. Les articles prévus généralement dans ces contrats de services Cloud concernent principalement la disponibilité, la sécurité, la confidentialité et le support. On prévoit aussi dans le contrat: le lieu où seront stockées les données et à quelle réglementation sectorielle d’ordre public le client sera soumis.

Ensuite concernant le domaine de l’internet des objets (IoT) :

Dans le domaine des IoT, il existe de nombreux réseaux pour différents usage:

Réseaux LAN (Local Area Network) : Ce sont des réseaux courte portée et peu consommateurs d’énergie. Ex: smart home.

Réseaux cellulaires : Réseaux longue portée, permettant le transport de grands volume et ont une bonne couverture au niveau national et international.

Les réseaux LPWAN ( Low Power Wide Area Network):  Réseaux de longue portée et à faible consommation énergétique, comme celui de Sigfox conçus pour transporter les données IoT à faible coût. Généralement dans ces types de réseaux on a besoin des Gateways. En effet les IoT, se connectent souvent à travers une Gateway (passerelle). Les Gateways jouent le rôle d’intermédiaire pour connecter l’objet à internet et envoyer ses données au Cloud. Les Gateways traduisent aussi les protocoles propriétaires (exemple Zigbee,  BLE) au réseau Internet et certaines peuvent jouer le rôle d’agrégateurs de réseaux.tableau

A terme, des efforts sont envisagés pour que les objets soient connectables avec un seul identifiant électronique afin de garantir l’interopérabilité des objets avec les différents réseaux. A l’UIT les fréquences  pour les IoT sont prévues dans les bandes 800, 900, et 700 Mhz. Elles seront décidées dans la Congrès de la radiocommunication (UIT) en 2019. En attendant les IoT utilisent les fréquences libres du Wifi. L’inconvénient de ces dernières ; elles ne sont pas protégées contre le brouillage. En matière de sécurité on prévoit des solutions alternatives en cas de défaillances des réseaux et garantir le fonctionnement des objets connectés à l’extérieur de pays concerné.

Pour  Sigfox, l’un des leaders au niveau international des IoT, on a besoin d’autres types de réseaux pour les IoT car les réseaux classiques ont été conçus pour les humains et non pour les objets. Sigfox présent dans 30 pays y compris les USA, où le réseau de Silicone Valley a été réalisé en grande partie par Sigfox. Par contre pour les opérateurs classiques et la 3GPP, les IoTs n’ont pas besoin d’autres types d’opérateurs pour l’IoT: C’est la continuité des réseaux existants. La publication du standard Narrow Band IoT donnera une occasion aux opérateurs télécoms classiques de s’imposer  pour ce genre d’activités. En effet, l’avantage de ce standard  réside dans le fait qu’elle se base sur les réseaux établis, tels que ceux de la  4G tout en utilisant une faible bande passante. Déjà, certains fabricants de smartphones et équipementiers ont apporté leurs appuis pour développer les équipements compatibles avec Narrow Band IoT sur les réseaux existants.  Ainsi l’utilisation du LTE-M par l’industrie et les opérateurs vient directement concurrencer les compagnies comme Sigfox et Lora. Dans tous les cas  les opérateurs télécoms essayent  de ne pas rater le virage concernant le domaine de l’internet des objets connectés, soit directement à travers leurs réseaux existants, ou en s’associant avec les nouveaux acteurs comme Sigfox ou LoRa.

Enfin et concernant les applications du Big Data :

Littéralement, elles désignent des ensembles de données volumineux,  difficiles à les travailler avec des outils classiques de gestion de  bases de données. Après leur stockage et leur traitement, par de puissants algorithmes mathématiques, les produits issus des analyses de ces données peuvent détecter des comportements très profondément cachés. L’entreprise d’analyste « Open Source Wikibon », estime que le  marché du  Big Data s’établirait à $53.4 milliards en 2017.lte3

En Europe, le Big Data devrait également représenter 8% du PIB européen en 2020, selon L’Association Française des Éditeurs de Logiciels et Solutions Internet (AFDEL). En Europe, la Commission européenne et les entreprises privées  européennes, spécialisées dans le domaine des données, se sont engagées à investir 2,5 milliards d’euros dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP), visant à placer l’Europe en tête de la course mondiale dans le Big Data d’ici 2020. A titre d’illustration, Orange France, a conçu un outil analytique,  à partir des données issues de la signalisation et des billings, dans le but, par exemple, de mieux cibler leurs publicités, permettant ainsi de concevoir plusieurs substituts commercialisables aux différents secteurs comme celui du tourisme ou aux entreprises.

A travers l’intégration des applications Big data avec le Software Defined Network (SDN), les opérateurs télécoms auront la possibilité d’offrir aux clients premiums des services de façon automatique selon leur rentabilité, donnée remontée par les algorithmes du Big Data. La manipulation des données massives pose de nouveaux défis aux régulateurs et aux organismes chargés de veiller à ce que les télécoms et les TIC soient au service des citoyens et que ces nouvelles technologies de l’information ne portent pas atteinte à la vie privée des particuliers et des institutions. En Europe et dans certains pays, les législateurs travaillent déjà afin de fixer les obligations réglementaires qui doivent être appliquées aux acteurs du Big Data. Parmi les points sur lesquels intervient le législateur, il y a les questions du consentement des parties concernées par la collecte et la précision des données qui sont appelées à être collectées. L’encadrement des acteurs du Big Data s’impose afin de créer les conditions idoines pour que la confiance s’instaure dans ce domaine complexe. Selon une étude réalisée par le « Boston Consulting Group », dans vingt pays et sur un échantillon  de 10000 consommateurs, 75% des personnes interrogées estiment que la protection des données personnelles est jugée comme un sujet de première importance. En Europe, Le Règlement général sur la protection des données (RGPD) constitue le nouveau texte de référence européen en matière de protection des données à caractère personnel. Le nouveau Règlement européen sur la protection des données a été adopté par le parlement européen en 2016. Ses dispositions seront directement applicables dans l’ensemble des Etats membres de l’Union Européenne à compter du 25 mai 2018. Ce règlement remplacera la directive sur la protection des données de 1995. Ce Règlement prévoit une application extraterritoriale : en effet les sociétés non-européennes seront également soumises au règlement si elles ciblent les résidents de l’Union Européen par le profilage ou proposent des biens et services à des résidents européens.

Par Ahmed Khaouja, expert de l’UIT

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