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LES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE (ODD)

LES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE (ODD)

LES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE (ODD)

Article​​ réalisée par Béatrice Héraud

Les objectifs de développement durable (ODD) sont les 17 priorités d’un développement économique et social, soucieux de respecter les populations et la planète. Retrouvez ici la définition de ces objectifs, leur portée et la façon dont ils sont aujourd’hui pris en compte.

1. QU’EST-CE QUE LES ODD, LES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE ?

Les Objectifs de Développement Durable (ODD) définissent 17 priorités pour un développement socialement équitable, sûr d’un point de vue environnemental, économiquement prospère, inclusif et prévisible à horizon 2030. Ils ont été adoptés en septembre 2015 par l’ONU dans le cadre de l’Agenda 2030.

Ils prennent la suite des Objectifs du Millénaire, huit objectifs couvrants les grands enjeux humanitaires (réduction de la pauvreté, de la faim, des maladies, accès à l’éducation) qui étaient destinés aux pays en développement pour la période 2000-2015. Cet agenda de développement a permis d’avancer sur la réduction de la pauvreté et de la faim mais a montré ses limites en termes de réduction des inégalités et pêchait par manque de transversalité. Les ODD entendent dépasser ces écueils en s’attaquant aux grands défis mondiaux dans leur ensemble.

Voici la liste des 17 objectifs de développement durable :

  • L’éradication de la pauvreté

  • La lutte contre la faim

  • La santé et le bien-être des populations et des travailleurs

  • L’accès à une éducation de qualité

  • L’égalité entre les sexes

  • L’accès à l’eau salubre et l’assainissement

  • L’accès à une énergie propre et d’un coût abordable

  • Le travail décent et la croissance économique

  • La promotion de l’innovation et des infrastructures durables

  • La réduction des inégalités

  • La création de villes et de communautés durables

  • La production et la consommation responsable

  • La lutte contre le changement climatique

  • La protection de la faune et de la flore aquatiques

  • La protection de la faune et de la flore terrestres

  • La paix, la justice et des institutions efficaces

  • Le renforcement des partenariats pour les objectifs mondiaux    

Chacun des 17 ODD est détaillé par des cibles (169 au total) qui définissent les priorités des différents objectifs et les actions à mettre en place. Pour l’ODD n°5 sur l’égalité des sexes par exemple, une des cibles prioritaires est de garantir l’accès des femmes à toutes les fonctions de direction, à tous les niveaux de décision dans la vie politique, économique et publique. Parmi les moyens mis en avant pour y parvenir : donner les mêmes droits politiques et économiques aux femmes et aux hommes ou leur favoriser l’accès et la maîtrise des nouvelles technologies.

Parmi les limites que l’on peut opposer aux ODD : le manque de mention directe aux objectifs démocratiques comme la liberté d’expression, de la liberté de la presse ou des élections libres même si l’ODD n°16 sur la paix, la justice et les institutions efficaces fait référence à la protection des libertés fondamentales. L’aspect culturel est aussi absent des ODD.​​ Odd infographie 720

2. QUELS SONT LES APPORTS DES ODD ?

Les Objectifs de développement durable ont de nombreux atouts. On peut en distinguer quatre principaux.

  • Un cap chiffré, propre à l’action, pour 2030
    L’agenda 2030 a une durée de vie de 15 ans. Pour suivre les progrès de façon régulière, 244 indicateurs ont été définis au niveau mondial, avec une déclinaison nationale. Chaque année, les États sont invités, sur une base volontaire, à rendre compte de leurs progrès lors du Forum politique de haut niveau (FPHN) pour le développement durable de l’ONU.
     

  • Un agenda universel
    Contrairement aux Objectifs du Millénaire qui concernaient les seuls pays en développement et les États, les ODD concernent l’ensemble des pays de la planète et des acteurs, publics comme privés. Comme pour l’Accord de Paris, le processus d’élaboration des ODD a d’ailleurs été extrêmement inclusif, en travaillant avec les ONG et les entreprises, via le Global compact (la branche entreprises de l’ONU).

  • Un langage commun
    Les ODD assurent un langage commun qui permet aux différents acteurs de travailler ensemble dans la même direction. Cela peut être utile entre acteurs privés et publics ainsi qu’entre acteurs privés eux-mêmes : entreprises, investisseurs, agences de notation, ONG.

    Ce langage commun est nécessaire à la réalisation des partenariats, clé de voûte des Objectifs de Développement Durable, formalisé par l’ODD N° 17. Il reste cependant parfois théorique car les différentes cibles, qui précisent les objectifs et les moyens d’y parvenir, s’adressent en priorité aux États. Les entreprises et investisseurs doivent donc les traduire dans un langage plus opérationnel en termes économiques et financiers, une démarche en cours d’élaboration.

  • Un cadre holistique
    Les ODD sont indivisibles et transversaux. Ils sont liés entre eux, d’une façon positive ou négative. Agir sur un ODD comme l’eau (ODD N°6) permet ainsi d’agir sur la santé (ODD N°3) car 2,6 millions de personnes meurent encore aujourd’hui de maladies véhiculées par l’eau. Cela permet aussi d’agir sur la réduction des​​ inégalités entre les sexes (ODD N°5) car dans les pays en développement, de nombreuses femmes ne sont pas scolarisées ou ne travaillent pas pour aller chercher de l’eau potable loin de leur village.

    L’idée générale des ODD est qu’il ne peut exister de prospérité économique si le bien-être des populations et le respect des écosystèmes ne sont pas assurés. Il s’agit donc d’agir sur l’ensemble des ODD en même temps, avec la même intensité d’efforts.

3.​​ QUI EST CONCERNÉ PAR LES ODD ?

Tout le monde, y compris les citoyens, est concerné par les ODD. Chaque acteur a des impacts positifs comme négatifs sur la réalisation des ODD et a un rôle à jouer pour assurer la réussite de l’Agenda 2030.

  • Les États
    Les États sont les destinataires naturels des textes onusiens. Leur action, en termes politiques et économiques, peut avoir des effets positifs (protection sociale, législations et réglementations incitant les entreprises à produire de façon plus responsable…) mais aussi négatifs sur les ODD (déforestation, conflits…).

    Pour contribuer aux ODD, les États fixent le cap, par pays, à l’aide de feuilles de routes, définies en collaboration avec leurs parties prenantes. Celles-ci permettent de donner la vision que le pays a de sa contribution aux ODD, les objectifs qu’il estime prioritaires et les actions à mener pour assurer leur réussite.


    Certains États comme la Norvège ou le Mexique vont jusqu’à aligner leur budget sur les ODD. D’autres, notamment dans les pays en développement, font du respect des ODD définis comme prioritaires par leur feuille de route, des critères décisifs d’attributions des marchés publics.

  • Les entreprises
    Elles sont explicitement appelées à contribuer aux ODD par le texte de l’Agenda 2030. Elles y sont incitées à intégrer les ODD dans leur stratégie de responsabilité sociétale (RSE) mais aussi leur stratégie au sens large, en collaboration avec leurs parties prenantes.

    De nombreuses entreprises, partout dans le monde, ont pris conscience de ce rôle et mettent en place des politiques destinées à contribuer de façon positive aux ODD. Il s’agit par exemple de créer de nouveaux produits et services permettant un accès à l’énergie, à une eau salubre par exemple ou en mettant en place des processus de production plus respectueux des hommes et de l’environnement (ce qui se recoupe avec la stratégie RSE de l’entreprise).

    Par leurs activités ou leurs pratiques, celles-ci peuvent en effet aussi avoir un impact négatif sur certains ODD comme la lutte contre le changement climatique (émissions de gaz à effet de serre), au travail décent (recours au travail des enfants) ou au respect de la biodiversité (déchets, déforestation…).

  • Les investisseurs
    Les investisseurs peuvent contribuer aux ODD en orientant leurs investissements vers des entreprises qui proposent des produits ou services permettant d’améliorer le quotidien des populations ou l’état de la planète. C’est l’investissement à impact, une branche de l’investissement responsable.

    Au contraire, en sélectionnant des entreprises liées au tabac, aux énergies fossiles ou à des armes servant à tuer des civils lors de conflits, les investisseurs obstruent la réalisation des ODD.

  • Les ONG
    Les associations et organisations non gouvernementales ont un rôle de sensibilisation des populations et de vigie concernant l’atteinte des ODD. Par leurs actions de plaidoyer, elles peuvent alerter sur les impacts négatifs des États et des entreprises. Elles peuvent aussi les pousser - et parfois les aider - à changer leurs comportements.

  • Les citoyens
    Chaque citoyen est appelé à participer à l’agenda 2030 en adoptant des éco-gestes au quotidien mais plus généralement en modifiant ses comportements (réduction de sa consommation d’eau, du gaspillage alimentaire, utilisation de modes de transports doux, etc.) et en se mobilisant pour des causes qui permettent de contribuer aux ODD.

  • Les collectivités locales, les écoles...
    Tous les acteurs politiques, académiques, économiques, etc sont appelés à se mobiliser sur les ODD dans leurs sphères de compétences. Cela passe notamment par la mise en place de politiques territoriales intégrant ces dimensions ou l'intégration de la logique ODD dans les programmes académiques. 

4. EST-ON SUR LA BONNE TRAJECTOIRE ?

Adoptés en 2015, l’agenda 2030 et les ODD courent jusqu’en 2030.​​ Les différentes données recueillies par pays montrent que nous sommes encore loin du compte, y compris dans les pays du G20, les 20 États les plus riches de la planète. C’est notamment ce qui ressort d'un rapport de l'OCDE qui estime que les "économies avancées ont encore beaucoup de travail à faire pour respecter les ODD", notamment sur les questions d'égalité femmes-hommes ou la réduction des inégalités. 

C'est aussi ce que montrent les analyses du réseau SDSN, le Sustainable Development Newtork qui a établi pour chaque pays, un score sur 100 permettant de situer chaque État rapport à l’atteinte des ODD (voir la cartographie et tableau ci-dessous)*. À noter que les pays européens sont les mieux classés : la Suède faisant figure de tête du classement et la France étant classée 4ème pays mondial en 2019. 

Concernant la réduction de la pauvreté (ODD N°1) trois pays concentre 30% de la problématique : Le Nigeria, la République démocratique du Congo et l’Inde.

 

Pour le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, la mise en œuvre des ODD est compliquée par "une croissance inégale, des niveaux d'endettement en hausse, des hausses possibles de la volatilité financière et des tensions commerciales mondiales accrues". Pour les atteindre, nous avons également besoin de plus d’investissements dans certains domaines clés comme les infrastructures résilientes au changement climatique et plus généralement de réorienter les financements vers les activités qui contribuent positivement aux ODD.

Selon les données de la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement), le coût des ODD est estimé entre 5 000 et 7 000 milliards de dollars par an. Mais selon le FMI (Fonds Monétaire international), il manque 2 600 milliards de dollars par an dans les pays en développement. Ceux-ci ont particulièrement des besoins dans les​​ domaines de la santé, de l'éducation, des infrastructures routières et énergétique (électricité), de l'eau et de l'assainissement. Pour les pays en développement à faibles revenus, cela signifie des dépenses annuelles supplémentaires pouvant atteindre 15% de leur produit intérieur brut.

La solidarité financière est attendue entre pays développés et en développement. Or l’aide publique au développement a connu un inquiétant recul en 2018, la plupart des pays ne tenant pas leur engagement d’y consacrer 0,7 % de leur PIB. L’aide au développement est l’ODD 17.

Article​​ réalisée​​ par Béatrice Héraud

 

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