« Les méga-données au service du développement» : Thème de la journée mondiale de la Société de l’information 2017
mai 5, 2017
Télécom
Chaque année, l’union internationale des télécommunications (UIT), célèbre la journée mondiale des télécommunications et de la société de l’information. « Les méga-données ou Big Data pour un méga-impact », thème retenu pour l’édition de cette année, met l’accent sur le potentiel des méga-données au service du développement. L’objectif de cet article est, donc, de voir comment transformer des données imparfaites, complexes et souvent non structurées en informations exploitables au service du développement. Ce phénomène est d’une actualité cruciale, car plusieurs experts des nouvelles technologies, le considèrent comme l’un des grands défis informatiques d’ici 2020.
L’expression « Big Data» serait apparue pour la première fois, dans un article scientifique en 1997. L’augmentation, sans cesse, des données numériques a obligé les ingénieurs à concevoir de nouvelles manières de voir et d’analyser la réalité. Il s’agit de découvrir de nouveaux ordres de grandeur concernant la capture, la recherche, le partage, le stockage et l’analyse des données.
Les éléments clés qui ont permis l’apparition et le développement du Big Data sont une conséquence de l’évolution technologique: augmentation de la capacité de stockage et de traitement des données. Chaque jour, on génère des milliards d’octets de données, dont 90% dans le monde aujourd’hui, ont été créées juste au cours des deux dernières années seulement. Ce volume des données, d’après McKinsey, augmente de 40% chaque année, et qu’en 2020, il sera 50 fois celui de 2009.
Un exemple simple pour illustrer l’importance de l’utilisation du big data : une personne consulte un site d’achat en ligne et achète un ordinateur. Geste tout à fait banal à nos yeux. Sauf que, tout de suite après, la personne est contactée pour compléter cet achat par d’autres équipements informatiques bien adaptés à ses besoins, type imprimante et autres. Parce que, la même personne ayant laissé des traces, suite à des achats antérieurs sur le même site, l’application big data, après traitement des données, a déduit qu’il s’agit d’un connaisseur de l’informatique.
A travers nos différentes consultations, sur la toile, nous laissons des traces et nous livrons des informations aux différents acteurs opérant sur l’internet. Après leur stockage et leur traitement, par de puissants algorithmes mathématiques, les produits issus des analyses de ces données peuvent détecter des comportements très profondément cachés et cerner nos profils, lesquels seront, ensuite, utilisés à des fins de ciblage pouvant être utiles et pour les entreprises et pour la collectivité. Si le marketing avait pour rôle de rendre l’effort de la vente superflu, les applications Big Data vont rendre les deux superflus : et le marketing et l’effort de la vente. Ce qui donne pour l’entreprise un avantage compétitif et une meilleure prise de décision sur tous les plans. On va ainsi aboutir à l’élaboration d’un marketing efficace et à une bonne satisfaction du client.
Dans son édition du mois d’Août 2015, la revue Capital a précisé que le marché mondial du Big Data sera de 22 milliards d’euros en 2016 et qu’il dépassera les 50 milliards à l’horizon de 2022.
Côté Américain. Un exemple pionnier à tirer du continent américain. Une application de Big Data, aux USA donc, traitant les données d’une chaine connue d’un supermarché arrive à traiter plus d’un million de transactions clients par heure. Ainsi, cette application arrive à mieux orienter les clients dans leurs achats et ce, en temps réel. L’opérateur Orange France, a exposé au Congrès des Mobiles de Barcelone de 2017, un outil analytique, conçu à partir des données issues de la signalisation et des billing, permettant de concevoir plusieurs substituts commercialisables aux différentes entités en charge de la gestion du secteur touristique en vue d’améliorer la qualité de service offerts aux touristes.
Côté pays émergents, l’Inde aura besoin de 100.000 employés pour soutenir l’environnement du Big Data à l’horizon de 2018.
Pour l’Europe, la Commission européenne et les entreprises privées concernées, se sont engagées à investir 2,5 milliards d’euros dans le cadre d’un partenariat public-privé, visant à placer ce continent en tête de la course mondiale du Big Data, en projetant de l’utiliser dans l’énergie, la santé et l’industrie. Et justement d’après l’Association Française des Éditeurs de Logiciels et Solutions Internet, le Big Data devrait représenter 8% du PIB européen en 2020.
En Afrique, en plus des domaines du commerce et du marketing, les applications du Big Data peuvent être très utiles dans divers secteurs tel que celui de la santé par exemple. Les informations en relation avec la santé existent dans de multiples endroits comme les fiches médicales individuelles, les laboratoires et les systèmes d’imagerie, les notes des médecins, les correspondances et les réclamations médicales. Mais actuellement, 90% de ces données médicales ne sont ni structurées ni utilisées. L’exploitation de ces Big Data, dans ce domaine précis de la médecine, et surtout dans sa partie prédictive, va certainement permettre la mise en place d’un système de santé durable et une collaboration accrue pour améliorer les soins et la prévention des maladies au niveau de notre continent.
Certaines entreprises africaines exploitent déjà le Big Data pour améliorer leur productivité. C’est le cas de certaines entreprises d’assurance, qui utilisent des analyses prédictives basées sur l’exploitation des données de masse pour mieux organiser le traitement des réclamations des assurés, et surtout pour détecter celles qui sont potentiellement frauduleuses.
Les mêmes applications du Big Data pourraient contribuer à la lutte contre la cybercriminalité en permettant d’infiltrer les activités suspectes en temps réel et de limiter ainsi des potentielles attaques. Lors du séminaire, «management du revenu d’assurance», organisé par Trusted Advisors Group à Marrakech fin de mars 2017, on a évoqué le fait que les applications Big Data peuvent contribuer à mieux cerner les fraudes sur la chaine de revenus des opérateurs télécoms. L’enquête Big Data, exposée au salon MED-IT Skhirat 2016, montre un grand intérêt des entreprises au Maroc aux projets Big Data. Toutefois le passage des intentions aux actes semble prendre un peu plus de temps !
Avec un taux de pénétration des mobiles dépassant les 50%, le Big Data pourra être plus prometteur pour l’Afrique, car, la plupart des données potentiellement exploitables, pour les applications Big Data, sont ou seront puisées à partir d’une source unique : les terminaux mobiles. A cet effet, nous recommandons aux décideurs africains, notamment ceux du secteur de l’éducation, de prendre les bonnes décisions afin, de contribuer à l’émergence d’une nouvelle génération de compétences qui saura tirer le meilleur parti du Big Data et de faire du continent le meilleur réservoir de ressources humaines dans ce domaine. En effet comme disait Nelson Mandela: « L’éducation est l’outil le plus puissant que vous pouvez utiliser pour changer le monde ». Aussi nous recommandons à ces décideurs, d’assurer de l’investissement dans les infrastructures du numérique en vue de permettre aux jeunes de développer les innovations numériques, car l’histoire nous apprend que parfois les retards technologiques du passé permettaient facilement les innovations du futur.
Par Ahmed Khaouja Consultant télécoms et TIC.