vendredi , 29 mars 2024
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Le télé-enseignement et la téléformation en Tunisie

Le télé-enseignement et la téléformation en Tunisie

Par le Professeur Abdelaziz Daoud, expert ONUDI

Professeur Mohamed Hamdi,directeur de Elgazala Innovation Center, Smart Tunisian Technoparks

Avec le covid 19 les choses se sont accélérées. Aujourd’hui en Tunisie les décideurs veulent accélérer la mise en place du téléenseignement en Tunisie comme ailleurs dans les autres pays. Les résistances  par rapport à la téléformation sont entrain de dissiper ou même disparaitre avec le contexte de la crise du covid19. Ainsi le téléenseignement et de la téléformation font leur entrée définitive dans nos écoles et nos universités. Même la gouvernance par la coordination, sous forme de réunions à distance et de télétravail est en train d’être instaurée à tous les niveaux. En réalité en Tunisie le téléenseignement et a téléformation était déjà à l’ordre du jour avant même la crise du covid19.

En effet, dès l’indépendance, la Tunisie a misé sur le développement de ses ressources humaines pour faire face aux divers problèmes de développement. C’est ainsi qu’un grand effort, tant qualitatif que quantitatif, fut fourni pour démocratiser l’enseignement à ses divers niveaux.

Cependant, les diverses approches d’enseignement et de formation adoptées ont montré leurs limites face d’une part, aux flux sans cesse croissants et exigeants et d’autres part, aux besoins de l’économie acculée à optimiser l’exploitation de ses ressources dans un esprit de qualité et de compétitivité.

C’est ainsi que nous constatons, aujourd’hui, un grand déficit en qualification des ressources humaines, constituant la base incontournable de tout développement économique.

Face à cette réalité, les nouvelles technologies de l’information, utilisant les réseaux télécoms et les outils numériques, sont porteuses d’espoir, dans la mesure où elles permettent de résoudre les problèmes que les approches et les supports classiques d’enseignement et de formation ne peuvent résoudre correctement.

En effet le télé-enseignement et la téléformation, tout en consolidant d’avantage l’objectif de démocratisation (accessibilité régionale et sectorielle), sont désormais capables de mieux traiter les aspects de flux (partage des ressources de formation à distance, flexibilité…) tout en garantissant les aspects de qualité (approche normative, modernisation des supports de formation…) et ce, selon des critères économiques (réduction des frais récurrents) pouvant être établis.

Cette nouvelle approche reste, cependant, tributaire de la mise en application d’une stratégie globale de développement impliquant, de fait, toutes les parties concernées par l’enseignement et la formation

La promotion du télé-enseignement

L’accès de la Tunisie au numérique nécessite une approche fédérative des divers intervenants puisque le concept principal est fondé sur le partage des ressources disponibles. Par ailleurs, on ne peut optimiser et rentabiliser l’exploitation de telles ressources que si l’on dispose d’une capacité de production de supports numériques de formation diversifiés, selon les secteurs d’intervention.

Le développement d’une telle capacité de production, nécessitant une démarche normative, nous permettant de nous placer sur divers marchés internationaux de ces nouveaux produits : l’enseignement et la formation, le tourisme, la communication, la culture, la médecine…

Cependant, la technologie numérique nécessite l’exploitation des réseaux télécoms qu’ils soient à moyens ou à hauts débits. Un grand effort a déjà été fourni dans ce sens par le « Secrétariat d’État à la Recherche scientifique et à la technologie » (SERST), en favorisant l’implantation du réseau national de la recherche et de la technologie (RNRT).

Durant le confinement qui a été imposé par la récente pandémie, et après des années où la pragmatisme a manqué à la concrétisation des initiatives sus-mentionnées, le télé-enseignement a connu un second souffle. Des initiatives ont été menées dans la précipitation pour combler le vide créé par l’absence des enseignements présentiels. Toutefois, et à l’instar de plusieurs autres pays, les initiatives menées en Tunisie ont connu des tergiversations dont les causes reviennent essentiellement aux problèmes d’infrastructure (dimensionnement des réseaux de télécommunications pour de tels besoins) et d’organisation (fluidité de gestion des processus d’enseignement en ligne).

Le télé-enseignement exige une discipline et une bonne organisation. 

Un processus en deux phases

Bien que la Tunisie soit connectée extérieurement aux réseaux à hauts débits, son infrastructure interne est en cours de construction.

  • L’incitation à l’utilisation de la technologie numérique, dans une première phase, l’appui des ressources de l’état, afin de contribuer au développement de la formation dans ce domaine, à l’incitation à la conception, à la production et à l’exploitation de supports de télé-enseignement et de téléformation utilisant les outils multimédias et enfin, à l’instauration graduelle d’un réseau national de télé-enseignement et de téléformation.

  • Dans une deuxième phase, un véritable marché de la téléformation et des télé-services pourrait se développer en favorisant l’esprit de partenariat : ce qui inciterait aussi bien la production de supports et d’outils adaptés, que l’émergence de nouveaux métiers à haute valeur ajoutées. Cette phase s’appuierait sur les mécanismes économiques du marché dans le contexte de la mise à niveau globale.

Le cadre des Programmes Nationaux Mobilisateurs et de la Valorisation des Résultats de la Recherche pourrait constituer un support fédérateur impliquant divers organismes intéressés dans les secteurs de l’éducation et de la formation.

Quid de la formation professionnelle ?

Le dispositif national de la formation professionnel (DNFP) est appelé à développer sa capacité de formation, tant initiale que continue, sur les plan quantitatif et qualitatif et ce, en optimisant la gestion de ses ressources. La formation à distance exploitant aussi bien les ressources nationales qu’internationales, constitue un objectif stratégique.

En effet, le nouveau contexte du (DNFP) nécessite l’amélioration de la qualité de la formation dispensée, ainsi que de son temps de réponse aux diverses sollicitations imposées tant par l’évolution technologique de l’appareil productif, que par la demande de formation des entreprises et autres demandeurs de formation (les jeunes primo demandeurs de formation, les travailleurs sollicitant une reconversion professionnels, etc…).

Par ailleurs, et compte tenu de la rareté des ressources humaines de formation (formateurs, conseillers, concepteurs…) et des supports de formation (manuels, équipements…) il est urgent de trouver des palliatifs de modernisation utilisant les nouvelles technologies de l’information pouvant aider le DNFP  partager ses ressources et à améliorer sa production de supports de formation.

Ces palliatifs rapprocheraient le dispositif de la formation du dispositif de production puisqu’en plus de la formation à distance des ressources humaines de l’entreprise, on peut contrôler à distance, dans les centres de formation, le processus de production : ce qui améliorerait la qualité de l’exploitation des supports « soft » de formation (didacticiels, simulateurs de formation, etc…)

Et l’enseignement supérieur dans tout ça ?

Le secteur de l’éducation et de l’enseignement supérieur est caractérisé, essentiellement, par la dimension importante des flux traités ainsi que par son aspect très normatif et peu varié concernant les programmes et les niveaux d’éducation. De plus, l’enseignement secondaire et primaire possède une dimension régionale très importante.

Il est à signaler que les ministères concernés ont accordé une grande importance au développement de la culture informatique et à l’utilisation des outils pouvant aider l’enseignement.

L’effort fourni par Institut National de Bureautique et de Microinformatique (INBMI) est à ce propos méritoire. Il n’en reste pas moins vrai que certains établissements de l’enseignement supérieur deviennent saturés au point de ne plus pouvoir accueillir physiquement les étudiants et de leur offrir un minimum de conditions matérielles et d’encadrement.

A cet égard. Le télé-enseignement peut aider l décentralisation locale (dans une même faculté par exemple) ou lointaine (entre diverses institutions) de l’enseignement, tout en permettant l’interactivité enseignant/enseigné.

De plus, cette possibilité, tout en réduisant le déficit en enseignant qualifié confierait un rôle nouveau à l’enseignant qui deviendrait plus productif sur le plan pédagogique.

Reste que tous ces aspects ont certainement un impact économique sur les couts de l’enseignement et de la formation.

La digitalisation a été un sujet très important pendant l’état  de l’urgence sanitaire (Covid19). En Tunisie comme partout dans le monde, la mise en œuvre du téléenseignement et de la téléformation se sont accélérés à une grande vitesse à tel point qu’ils sont devenus une  affaire de la société dans sa globalité et  un moyen d’assurer un développement socio-économique dans les meilleurs délais.

Par Abdelaziz DAOUD (TUNISIE)  et M. Mohamed Hamdi (Tunisie)

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