
Par le Professeur Abdelaziz Daoud, expert ONUDI

Professeur Mohamed Hamdi,directeur de Elgazala Innovation Center, Smart Tunisian Technoparks
Avec le covid 19 les choses se sont accélérées. Aujourd’hui en Tunisie les décideurs veulent accélérer la mise en place du téléenseignement en Tunisie comme ailleurs dans les autres pays. Les résistances par rapport à la téléformation sont entrain de dissiper ou même disparaitre avec le contexte de la crise du covid19. Ainsi le téléenseignement et de la téléformation font leur entrée définitive dans nos écoles et nos universités. Même la gouvernance par la coordination, sous forme de réunions à distance et de télétravail est en train d’être instaurée à tous les niveaux. En réalité en Tunisie le téléenseignement et a téléformation était déjà à l’ordre du jour avant même la crise du covid19.
En effet, dès l’indépendance, la Tunisie a misé sur le développement de ses ressources humaines pour faire face aux divers problèmes de développement. C’est ainsi qu’un grand effort, tant qualitatif que quantitatif, fut fourni pour démocratiser l’enseignement à ses divers niveaux.
Cependant, les diverses approches d’enseignement et de formation adoptées ont montré leurs limites face d’une part, aux flux sans cesse croissants et exigeants et d’autres part, aux besoins de l’économie acculée à optimiser l’exploitation de ses ressources dans un esprit de qualité et de compétitivité.
C’est ainsi que nous constatons, aujourd’hui, un grand déficit en qualification des ressources humaines, constituant la base incontournable de tout développement économique.
Face à cette réalité, les nouvelles technologies de l’information, utilisant les réseaux télécoms et les outils numériques, sont porteuses d’espoir, dans la mesure où elles permettent de résoudre les problèmes que les approches et les supports classiques d’enseignement et de formation ne peuvent résoudre correctement.
En effet le télé-enseignement et la téléformation, tout en consolidant d’avantage l’objectif de démocratisation (accessibilité régionale et sectorielle), sont désormais capables de mieux traiter les aspects de flux (partage des ressources de formation à distance, flexibilité…) tout en garantissant les aspects de qualité (approche normative, modernisation des supports de formation…) et ce, selon des critères économiques (réduction des frais récurrents) pouvant être établis.
Cette nouvelle approche reste, cependant, tributaire de la mise en application d’une stratégie globale de développement impliquant, de fait, toutes les parties concernées par l’enseignement et la formation
La promotion du télé-enseignement
L’accès de la Tunisie au numérique nécessite une approche fédérative des divers intervenants puisque le concept principal est fondé sur le partage des ressources disponibles. Par ailleurs, on ne peut optimiser et rentabiliser l’exploitation de telles ressources que si l’on dispose d’une capacité de production de supports numériques de formation diversifiés, selon les secteurs d’intervention.
Le développement d’une telle capacité de production, nécessitant une démarche normative, nous permettant de nous placer sur divers marchés internationaux de ces nouveaux produits : l’enseignement et la formation, le tourisme, la communication, la culture, la médecine…
Cependant, la technologie numérique nécessite l’exploitation des réseaux télécoms qu’ils soient à moyens ou à hauts débits. Un grand effort a déjà été fourni dans ce sens par le « Secrétariat d’État à la Recherche scientifique et à la technologie » (SERST), en favorisant l’implantation du réseau national de la recherche et de la technologie (RNRT).
Durant le confinement qui a été imposé par la récente pandémie, et après des années où la pragmatisme a manqué à la concrétisation des initiatives sus-mentionnées, le télé-enseignement a connu un second souffle. Des initiatives ont été menées dans la précipitation pour combler le vide créé par l’absence des enseignements présentiels. Toutefois, et à l’instar de plusieurs autres pays, les initiatives menées en Tunisie ont connu des tergiversations dont les causes reviennent essentiellement aux problèmes d’infrastructure (dimensionnement des réseaux de télécommunications pour de tels besoins) et d’organisation (fluidité de gestion des processus d’enseignement en ligne).
Le télé-enseignement exige une discipline et une bonne organisation.
Un processus en deux phases
Bien que la Tunisie soit connectée extérieurement aux réseaux à hauts débits, son infrastructure interne est en cours de construction.
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L’incitation à l’utilisation de la technologie numérique, dans une première phase, l’appui des ressources de l’état, afin de contribuer au développement de la formation dans ce domaine, à l’incitation à la conception, à la production et à l’exploitation de supports de télé-enseignement et de téléformation utilisant les outils multimédias et enfin, à l’instauration graduelle d’un réseau national de télé-enseignement et de téléformation.
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Dans une deuxième phase, un véritable marché de la téléformation et des télé-services pourrait se développer en favorisant l’esprit de partenariat : ce qui inciterait aussi bien la production de supports et d’outils adaptés, que l’émergence de nouveaux métiers à haute valeur ajoutées. Cette phase s’appuierait sur les mécanismes économiques du marché dans le contexte de la mise à niveau globale.