La place de l’enseignement dans la renaissance 2.0
mars 11, 2017
tribune libre
Synthèse de la conférence donnée par Idriss Aberkane le 13 janvier 2017 à Casa.
M.Idriss ABERKANE (1), âgé à peine d’une trentaine d’année, est déjà largement connu et à son actif une centaine de conférences au niveau international. Il fait de la recherche en neurosciences cognitives(2) à l’école Polytechnique (France) et officie comme chercheur affilié à Stanford (USA). Il est aussi ambassadeur du campus numérique des systèmes complexes de l’UNESCO.
Lors de la conférence de Casablanca du 13 janvier 2017, M. Idriss Aberkane, affirme qu’une école issue du passé ne peut pas former les citoyens de demain. Si les technologies numériques se diffusent rapidement à travers le monde en transformant la société, les écoles dans la plus part des pays y compris au Maroc, elles continuent d’opérer avec les modèle classiques d’enseignement et de formation. Libérer le cerveau, pour mieux affronter l’avenir, c’est le mot d’ordre de M. Idriss Aberkane. Du point de vue cognitif, la manière dont le cerveau des humains apprend est sensiblement la même chez tous les citoyens du monde. Ce qui est réellement différent, c’est la partie liée à la motivation et à la passion. La meilleure école est celle qui assura l’interaction entre l’ergonomie de la renaissance et la démocratie de l’enseignement. La renaissance signifie que notre cerveau est sacré et qu’il faut le respecter dans le cadre d’un enseignement où on donnerait plus d’importance à la motivation et à la passion et moins aux notes ! C’est pour ces raisons qu’il y a lieu de penser à introduire plus de jeux dans notre système d’enseignement. « Le meilleur moyen de transférer la connaissance, c’est de l’aimer ! », répète-t-il souvent. Il faut bien comprendre que la vraie vie est supérieure à la vie notée. M. Idriss Aberkane milite pour l’élimination de la notation au moins pendant les premières années de la scolarité. Pour lui le système de notation permet aux parents de ne pas s’occuper de l’éducation de leurs enfants car pour eux la note est en quelques sortes un baromètre suffisant de contrôle. Pour Idriss Aberkane malheureusement tout est notée aujourd’hui et les hommes ont tendance à devenir des chiffres un peu partout dans tous les domaines de la vie. C’est le règne de la quantité et de l’étiquetage décrit par le philosophe français René Guenon dans son livre « règne de la quantité et les signes des temps» écrit en 1945. Dans la vraie vie naturelle, il n’y a pas de notes, il y a ce qui marche et ce qui ne marche pas ! Evoquant son expérience personnelle, il affirme que pour avoir très tôt voulu libérer sa vie mentale de la vie notée, M. Idriss Aberkane affirme qu’il apprit une sagesse essentielle : la vie réelle peut contenir la vie notée alors que la vie notée ne peut pas contenir la vie réelle. C’est l’une des raisons pour lesquelles il dit qu’il faut tout changer à notre école. Pour nos enfants à l’école, la vie notée c’est de se conformer au moule et de rester à sa place, alors que dans la vraie vie c’est tout l’inverse. Dans la vie notée, il est déconseillé de s’exprimer librement et d’être autonome, alors que dans la vraie vie, c’est vital ! Et les exemples ne manquent pas… des gens qui ont réussi après avoir quitté le moule à temps. Bill Gates a intégré Harvard (USA) en 1973 mais il a abandonné ses études deux ans plus tard pour fonder Microsoft. On connait la suite ! Hasard ou pas les mêmes expériences avec les études ont été vécues par Steve Jobs fondateur d’Apple ou Mark Zukerberger fondateur de Facebook.
La vie notée caricature trop notre vie réelle et souvent nous amène à se tromper sur des aspects majeurs de notre existence. L’école fait souvent aussi l’impasse du jeu. Alors qu’à l’instar des animaux qui apprennent à découvrir la nature en jouant, le jeu reste le meilleur outil d’apprentissage. Dans l’ère du digital le jeu devient une nécessité. La Corée du Sud qui l’a bien compris, s’organise pour introduire les jeux dans la formation et à tous les niveaux. Donc il est important de se diriger vers plus d’ergonomie dans l’apprentissage avec moins de pression et plus d’épanouissement y compris pour les enseignants. Aussi, l’école doit respecter la forme naturelle de la vie, qui permet de renforcer les liens sociaux et de fraternité en plus de l’épanouissement. Quand l’école perturbe l’accomplissement naturel de notre existence, elle devient une nuisance. Si des personnes réussissent sans passer par l’école, ils doivent mériter nos respects. Leur réussite signifie que d’autres outils existent pour manifester l’intelligence comme M. Idriss Aberkane l’affirme souvent dans ses livres. On ne doit pas les accuser ou de les traiter autrement par rapport aux différents diplômés !
(1) M. Idriss Aberkane est un jeune, d’une trentaine d’années, entrepreneur et chercheur. Il est passé par l’Université d’Orsay puis par l’Ecole Normale Supérieure en France. Il a étudié aussi aux universités de Cambridge en Angleterre et de Stanford aux USA. Il intervient actuellement en tant que consultant international auprès d’entreprises et de gouvernements. Idriss ABERKANE sait mettre son savoir à notre portée, et nous fait comprendre les enjeux et les impacts de la science du cerveau dans notre vie quotidienne, notamment par les jeux vidéo. Éditorialiste pour le Point, ses chroniques font référence. Idriss ABERKANE a participé à l’écriture de l’ouvrage collectif du CERA (Centre d’échanges et de réflexion pour l’avenir), avec sa contribution « Apprendre autrement ». Titulaire de trois doctorats: en neurosciences, en géopolitique et en littérature. Il milite pour un nouveau modèle économique, basé sur la connaissance de la nature. En plus de nombreuses publications et conférences, il a récemment publié un livre intitulé «Libérer votre cerveau: Traité de neuro-sagesse pour changer l’école et la société», voir la vidéo dans la médiathèque de ce présent numéro de Lte magazine où M.Idriss Aberkane présente ce livre « libérer votre cerveau… ».
(2) Les neurosciences cognitives désignent le domaine de recherche dans lequel sont étudiés les mécanismes neurobiologique qui sous-tendent la cognition (perception, mémoire, émotions,…). C’est une branche des sciences cognitives qui fait appel notamment et pour une large part aux neurosciences. Quant aux sciences cognitives regroupent un ensemble de disciplines comme les neurosciences qui contribuent à simuler les mécanismes de la pensée humaine en vue d’acquérir et d’utiliser des connaissances.
Par Lte Magazine