samedi , 27 juillet 2024
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La CULTURE D’ENTREPRISE
Group of business people with alphabets signs forming the word Culture on table. Top view of business people discussing over work culture in a meeting.

La CULTURE D’ENTREPRISE

Comme les hommes politiques qui qualifient l’esprit entreprenarial d’attribut de développement, les économistes et les gestionnaires affirment que la culture d’entreprise est un puissant  facteur de performance et de croissance.

Dr Jihene Makni experte en Gestion de l'Entreprenariat
Dr Jihene Makni experte en Gestion de l’Entreprenariat

              Et pour cause, les valeurs  nobles constituent un pilier central de cette culture et d’une certaine manière une condition sine qua non de son éclosion. Raison pour laquelle  son acquisition se déroule pendant des années et résulte en quelque sorte d’une sédimentation des décisions et des comportements des responsables les plus influents.

             La question primordiale en cela concerne le rôle joué par cette culture dans la réussite  de l’entreprise moderne.

—Est-elle réellement un facteur de performance?

—Comportera-t-elle dans certaines situations quelques risques de dérapage?

Les pouvoirs publics peuvent jouer un rôle considérable d’impulsion de la culture de l’entreprise : assouplissement des procédures, coordination et  concertation entre différentes institutions ayant une responsabilité en matière de promotion de l’investissement intérieur et extérieur, de commerce…

            On peut donner au mot « culture » des significations opposantes à la nature. La nature est ce qui est donné, tandis que la culture exprime l’intervention et le développement de l’homme.  Il y a culture quand un groupe humain important adopte une vision stable du monde en relation avec la nature et la société.  Constituée d’éléments acquis, elle doit être transmissible afin d’assurer sa pérennité et évolutive pour préserver son adaptation au monde qui l’entoure…

              Quant à la culture d’entreprise, elle s’applique à une échelle plus réduite, notamment à celle d’une entreprise. Elle sert  non seulement à l’identifier, mais aussi à mobiliser son personnel.

                La culture d’entreprise est un système structuré de valeurs fondamentales et de codes et de représentations. Elle constitue une structure immatérielle de socialisation qui est , par exemple, plus efficace qu’une formation lourde pour accroître la sécurité dans des installations potentiellement dangereuses comme la manipulation de produits  toxiques.

               De manière plus globale, la culture d’entreprise peut être définie par un ensemble de caractéristiques ; C’est un ciment qui relie l’ensemble des composantes de l’entreprise : l’organisation interne, l’histoire commune, le patrimoine de savoir-faire, la façon collective d’agir et de penser,  …

              On peut concevoir que les membres d’une entreprise s’accordent librement pour suivre quelques principes élémentaires capables d’orienter l’attitude, les décisions et le comportement du personnel, en quelque sorte un code de conduite, traduisant les valeurs et éléments fondamentaux de toute culture d’entreprise.

              Les dirigeants d’une entreprise peuvent choisir une échelle de valeurs et en informer leur personnel afin de développer une culture d’entreprise (assiduité, qualité de la production, ponctualité, respect des délais, créativité, etc…). Ensuite, avec la contribution du contrôleur de gestion, ces responsables vont définir et choisir des objectifs, des standards, des normes, qui permettront concrètement de procéder à des jugements de valeur, de mettre l’accent sur les points forts de la culture de leur entreprise et de vérifier si celle-ci est bien véhiculée, comprise et intégrée dans le comportement du personnel.

              Dans la vie pratique, l’on trouve des entreprises qui préconisent des valeurs telle que : bien servir le client, fabriquer des produits de bonne qualité, respecter les personnes et l’environnement ou rechercher l’excellence. Personnel et direction peuvent se mettre d’accord sur ces points ; il y va du dynamisme de leurs affaires, de leur image de marque et de leur compétitivité. Ces valeurs  peuvent évoluer tout au long de l’ histoire de l’entreprise.

                D’ailleurs, au commencement de l’histoire de chaque entreprise, le ou les fondateurs ont une inspiration, des valeurs constantes et une culture d’entreprise qu’ils diffusent et partagent  avec le personnel. Ce n’est donc pas du jour au lendemain qu’une entreprise peut avoir sa propre culture. Cette évolution sera souvent lente, imperceptible au jour le jour ; mais dans d’autres cas, il s’agira de cassure ou de mutation, pouvant résulter d’un bouleversement ou d’un changement radical (par exemple: au niveau de l’environnement de l’entreprise).

Quid de l’entreprise tunisienne

      En se proposant de créer 70 000 entreprises d’ici 2009 et en  inscrivant le lancement des projets et la création des nouvelles entreprises parmi les axes fondamentaux de leur programme d’avenir, les pouvoirs publics  entendent  mettre en place une nouvelle culture  entreprenariale  agissante  dans le pays.

L’Etat tunisien encourage l’esprit d’entreprise en contribuant à la création des conditions nécessaires aux entreprises, en récompensant et en soutenant ceux qui prennent des risques, et en améliorant l’accès aux sources de financement.  Et cela peut contribuer à créer de nouvelles entreprises. La disponibilité de mécanismes de soutien en faveur des entreprises, des réseaux et des services joue également un rôle fondamental à cet égard.

La création et la croissance de groupements de nouvelles entreprises novatrices est un élément crucial pour soutenir et encourager la compétitivité nationale dans les nouvelles industries fondées sur la connaissance. Cet objectif nécessite également une réforme continue des systèmes d’éducation et de formation afin de développer des capacités et des ressources dans ce domaine.

              Cette culture traduit aussi un caractère volontariste et intelligent, en s’associant à l’enjeu de l’emploi et au renforcement de l’économie nationale, en général.

A l’aide de cette culture d’entreprise en Tunisie, le souci du social se marie harmonieusement avec les exigences de l’économie moderne consacrant judicieusement la place fondamentale du savoir et du progrès technologique, ainsi que le rôle primordial du secteur privé, dans la réussite de cette stratégie. A travers l’ancrage de cet esprit new-look de développement, l’on peut assurer, sur des bases saines et pérennes, la mutation qualitative du tissu économique national.

 La démarche ainsi poursuivie  s’inscrit aussi dans la continuité des efforts

déployés en vue de diffuser la culture de l’initiative et de généraliser la volonté d’entreprendre et l’acte d’investir, en tant que meilleurs moyens pour impulser le lancement de projets, la création d’entreprises et la promotion de l’emploi.

           Cela prouve qu’on est entrain de passer d’initiatives ponctuelles à une culture entreprenariale générale et pérenne. La création d’entreprises doit désormais  interpeller  toutes les composantes de la société tunisienne en tant que parties prenantes totalement impliquées pour relever avec succès ce challenge et pour donner à cette ambition nationale prioritaire, qu’est l’emploi, la nécessaire et souhaitable concrétisation. Le fait de vouloir créer sur les cinq ans à venir un total de 70.000 entreprises est aussi de nature à relancer spectaculairement le processus d’ancrer à jamais cette culture.

              Cette même culture d’entreprise ne manquera pas de donner lieu dans les années à venir à une forte synergie dans le sens d’une dynamique nouvelle de création d’entreprises.

           Cette culture se propose, en effet, de former une nouvelle génération d’entrepreneurs de niveau supérieur, de fluidifier la création d’entreprises à partir de l’université même, de généraliser les pépinières de projets, de réglementer l’essaimage, de promouvoir l’investissement privé dans le culturel, l’artisanat et le social, et de prolonger jusqu’en 2009 le bénéfice de la prime d’investissement prévue par le Code d’incitation aux investissements…

Muscler nos entreprises est le principal leitmotiv, sachant que le tissu économique de la Tunisie est composé essentiellement de PME qui représentent 97% du total des entreprises; celles-ci sont, en fait, le socle du développement.

Le message véhiculé par cette culture nouvelle est clair: nous sommes dans l’obligation d’améliorer l’environnement de l’entreprise, de construire la société du savoir, d’intensifier le rythme de création d’entreprises et de mobiliser les moyens de financement nécessaires.

Grâce à la nouvelle mentalité d’entreprise, la stratégies de l’Etat peut  stimuler l’investissement privé et accroître son efficacité. Le Programme national de mise à niveau PMN qui a touché jusqu’au mois de septembre 2004, 2087 entreprises et prépare 1210 autres pour bénéficier de ce programme est considéré par plusieurs pays comme un modèle réussi en matière de modernisation industrielle afin d’ancrer  cette  nouvelle vision d’investissement et d’adaptation à la   mondialisation …

Culture d’innovation en faveur de la croissance

Pour ce faire trois objectifs essentiels sont à respecter:

  • à promouvoir une culture d’innovation, tant dans la société que dans l’économie

  • à établir un bon environnement professionnel grâce à un cadre juridique, réglementaire et financier favorable à l’innovation

  •  à encourager la création de liens plus efficaces entre la recherche, l’innovation et les entreprises.

Le cadre de la politique d’entreprise met l’accent sur le renforcement de la compétitivité des entreprises, en particulier des PME, et sur la création d’emplois dans la Communauté.

Devenir l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique de la région, capable d’une croissance économique durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale

Les entreprises sont essentielles pour la croissance économique. Pour construire une économie solide, la Tunisie doit développer l’esprit d’entreprise  et créer des conditions générales qui encouragent des pratiques commerciales novatrices et mènent à la création d’entreprises et à leur croissance. Il est vital d’atteindre ces objectifs si l’on veut obtenir une croissance économique durable, nécessaire pour soutenir le progrès social et protéger l’environnement.

La politique d’entreprise embrasse l’ensemble du monde des affaires et a pour objet d’aider les entreprises à prospérer, quelles que soient leurs tailles, leurs formes juridiques ou leurs secteurs d’activité. Son triple objectif consiste à encourager et à faciliter la création de nouvelles entreprises, à stimuler la croissance et la capacité d’innovation de l’ensemble des entreprises en créant un environnement dynamique, et à veiller à ce que les biens et les services proposés par ces entreprises aient un véritable accès aux marchés en Europe et au-delà de ses frontières. Les principaux objectifs de la politique d’entreprise sont détaillés ci-dessous.

Promouvoir un environnement professionnel novateur

L’innovation est l’un des principaux processus d’une économie fondée sur la connaissance. Faire bon usage de la recherche et de la technologie et encourager la concurrence sont des actions vitales pour la croissance des entreprises. L’Etat s’efforce de promouvoir une culture d’innovation dans l’économie et de faire en sorte que les entreprises puissent saisir toutes les occasions de profiter des résultats de l’innovation et les convertir en idées commerciales compétitives.

Le marché intérieur est le lieu où les entreprises tunisiennes sont en interaction..

La politique d’entreprise de l’Etat  a déplacé l’accent mis sur les actions directes vers de nouvelles manières d’assurer la coordination des politiques et des initiatives nationales en faveur des entreprises et de mesurer leur impact.

L’économie électronique prend peu à peu la place qui lui revient et induit des changements et de nouvelles pratiques dans divers secteurs. Le commerce électronique aura un impact croissant sur l’ensemble des opérations économiques dans le marché intérieur (entre entreprises, ainsi qu’entre entreprises et consommateurs) et la compétitivité internationale des entreprises dépendra dans une large mesure de leur capacité d’adopter les innovations informatiques et télématiques. C’est pourquoi l’Etat suit de près cette révolution technologique et prend des mesures ciblées pour aider les entreprises tunisiennes à en récolter les fruits.

Pour atteindre ces objectifs de la politique d’entreprise, l’Etat doit mettre en place plusieurs instruments stratégiques. La nouvelle procédure rassemble des activités, des séminaires, des conférences et des examens critiques par les pairs.

L’Etat se fonde sur des statistiques, des recherches et des analyses, qui permettront de se faire une idée claire de l’environnement commercial et des problèmes qui se posent.

CONCLUSION

Les entreprises sont indispensables au développement durable de la Tunisie sur le plan économique, social ou écologique. Pour pouvoir élaborer une politique durable, il faut avoir une vision globale des objectifs stratégiques dans ces trois domaines et veiller à ce que la réglementation permette aux entreprises de produire la croissance économique durable nécessaire pour les atteindre.

La contribution de la politique d’entreprise à cette vision globale repose sur le bon sens et le savoir-faire. L’application de ce bon sens économique à l’élaboration d’une politique durable implique les mesures suivantes:

— rendre la réglementation-cadre  prévisible de manière à ne pas biaiser les décisions en matière d’investissement;

— ne légiférer qu’en dernier recours, après avoir envisagé des instruments plus souples, tels que les accords non contraignants ou les accords de co-régulation;

— veiller à ce que les décisions soient proportionnelles et efficaces sans entraîner de coûts

— consulter l’industrie et les autres parties intéressées à un stade précoce du processus de prise de décision afin de permettre à ceux qui sont le plus directement concernés de soumettre des observations et de faire part de leur expérience.

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