mercredi , 25 décembre 2024

VERS UN DEPLOIMENT ACCELERE DE LA FTTH AU MAROC

Récemment Huawei a présenté, lors du forum organisé par Samena à Dubaï le 19 novembre 2020, des solutions hybrides utilisant la radio dans le réseau transport, pour faciliter le déploiement de la FTTH dans certains endroits.

Ahmed Khaouja Directeur de PTT Maroc (www.PTT.ma)

Dans tous les pays, les télécommunications ont joué un rôle-clé avec l’avènement de la crise du Covid19. Tous les acteurs de ce secteur se sont mobilisés notamment pour bien gérer le trafic des différents usagers et concilier entre les activités de télétravail et de télé-enseignement, avec celles de communication et de divertissements. Maintenant plus que jamais, les télécommunications, dont la technologie FTTH (Fiber to the Home), sont devenues primordiales pour maintenir notamment les secteurs productifs en activité. Le confinement a créé une hausse significative du trafic et des connexions internet. Concernant le trafic, selon l’IDATE (l’Institut de l’audiovisuel et des télécommunications en Europe), on observe une hausse allant de 13 % à 85 % du trafic total sur l’ensemble des pays du monde. En moyenne, le pic de trafic a maintenant atteint une nouvelle normale au moins 20 % supérieure aux niveaux du pic de trafic que l’on avait avant la Covid-19.

Un peu partout dans le monde et particulièrement au Maroc, le déploiement de la FTTH, à côté des autres réseaux, est désormais indispensable pour réduire la fracture numérique et assurer une égalité d’accès au numérique à l’échelle nationale, à l’intérieur des grandes cités comme Casablanca, mais aussi entre les agglomérations citadines et le monde rural. Même si de plus en plus de décideurs sont convaincus de la nécessité de voir la fibre optique massivement implémentée jusqu’à l’abonné, les investissements semblent freiner son déploiement. Mais on doit se référer aux experts qui s’accordent à dire que la fibre optique n’est pas en soi le gros de l’investissement, mais que la partie génie civil qui est bien importante que celle des composants optiques. Cette dernière partie représente autour de 60% du CAPEX.

Pour garantir le déploiement de la FTTH, le gouvernement, les collectivités territoriales et les opérateurs devront travailler ensemble, pour réduire cette fracture numérique. Quitte à envisager des entités dédiées aux autorisations concernant le très haut débit par fibre optique dans les grandes collectivités territoriales. Si la fibre permettrait de réduire la nouvelle fracture numérique liée aux différences d’accès à internet, son déploiement ne se fera pas sans le soutien du gouvernement. Mme Doreen Bogdan-Martin Directrice du Bureau de développement des télécommunications à l’union internationale des télécommunications a récemment déclaré à Lte magazine (www.lte.ma), qu’Il est clair que désormais l’infrastructure des télécoms joue un rôle essentiel, sans réseaux il ne peut y avoir de services. Dans ce contexte, nous devons trouver de nouveaux modèles de financement innovants, propres à inciter les opérateurs de réseau à déployer l’infrastructure dans des régions et des marchés moins lucratifs et moins rentables pour les opérateurs télécoms..

Actuellement, les réseaux ADSL (Asymmetric Digital Subscriber Line) sont devenus incapables à eux seuls de répondre aux demandes de débits élevés.

Actuellement les réseaux en fibre optique se sont imposés à côté des réseaux 5G en raison de leur capacité à se propager sur de longues distances sans régénération de signal, de leur faible latence et de leur très large bande passante,

Le réseau FTTH est constitué de trois sous réseaux : le réseau de transport, le réseau de distribution et celui de branchement. Récemment  Huawei a présenté, lors du forum organisé par Samena à Dubaï le 19 novembre 2020, des solutions hybrides utilisant la radio dans le réseau transport, pour faciliter le déploiement de la FTTH dans certains endroits.  Ces solutions hybrides ne réussiront à s’implémenter que si on adopte une certaine neutralité technologique dans la distribution notamment.

La mise en place d’un bon réseau FTTH concerne différents acteurs, comme les opérateurs de télécommunications, les intégrateurs, les équipementiers des télécoms comme Huawei, en plus des autorités publiques locales ou nationales. Au-delà de la crise actuelle du Covid19, la FTTH devient de nos jours une nécessité incontournable pour la valorisation de nos villes, car elle sera un facteur inéluctable pour améliorer la compétitivité et l’attractivité économiques de nos cités. Grâce à la fibre optique, les citoyens et les entreprises vont pouvoir bénéficier de nouveaux services dans le cadre de la transformation dite digitale, qu’il était impossible d’atteindre jadis, via les seules technologies basées sur le cuivre.

Aujourd’hui, avec l’avènement de la technologie FTTH, on arrive à mieux démocratiser le très haut débit grâce à la fibre optique et à l’installer un peu partout au Maroc. En effet, la technologie FTTH à base de coupleurs passifs permet d’offrir aux entreprises ou aux particuliers du très haut débit, grâce à la topologie « point à multipoint » ou « point à point » et ce, à des prix de plus en plus attractifs.

Le nombre d’abonnés FTTH dans le monde dépasserait certainement les 600 millions en 2025 (soit 7,27 % de la population mondiale à cette date). Selon l’OCDE (Organisation de la Coopération et du Développement Économiques), ce sont les pays asiatiques qui sont les mieux équipés. En effet, la fibre optique représente dans certains pays asiatiques autour de 80% des connexions internet fixe haut-débit. Sur le continent européen, la Suède et l’Espagne, entre autres, font partie des pays où le déploiement de cette technologie est le plus avancé, avec une part dans le total des connexions haut débit qui dépasse 60 %.

Schéma de principe d’une architecture FTTH

Au Maroc, le déploiement du très haut débit par la fibre optique est assuré par les trois principaux opérateurs via la FTTH dans le cadre des lignes directrices FTTH fixées par l’Agence Nationale de Réglementation des Télécoms (voir la décision ANRT/DG/N°06/14 du 16 avril 2014 sur site ANRT). Cette décision fixe les lignes directrices relatives aux modalités opérationnelles, tarifaires et conventionnelles de partage et de mutualisation des infrastructures des réseaux en fibre optique jusqu’à l’abonné (FTTH) au Maroc.

Tous les acteurs télécoms au Maroc envisagent de booster le déploiement de cette technologie, d’une part depuis l’adoption de la loi 121-12 en février 2019 et compte tenu de la pandémie du covid19 d’autre part. Cette loi encourage justement le partage d’infrastructures et intègre le haut débit par FTTH dans les projets pouvant recevoir le soutien du Fond du Service Universel (FSU).  Aujourd’hui étant donné qu’internet est devenu un outil utile et indispensable pour toute la collectivité internationale, une nouvelle orientation des mécanismes du service universel (SU) a été envisagé un peu partout afin d’intégrer l’internet haut débit dont le périmètre du service universel. Car les habitants des zones non rentables pour les opérateurs demandent eux aussi aujourd’hui les services offerts par les géants de l’internet via les réseaux FTTH ou mobiles. Ces habitants veulent se connecter à l’internet afin d’échanger eux aussi de séquences vidéos par exemple. Aussi la connectivité télécom est un moyen d’attractivité des investissements pour les localités rurales. En effet d’après l’UIT, la crise liée au COVID-19 a mis en exergue les inégalités dans le domaine numérique, bon nombre de familles, de travailleurs, d’entreprises et de populations n’étant pas en mesure d’accéder aux technologies numériques et d’en recueillir les fruits, a indiqué récemment l’Union internationale des télécommunications (UIT), faisant état du “risque d’une nouvelle fracture numérique”. Les TIC “ont pris une nouvelle importance en nous permettant de continuer à travailler, d’accéder aux soins de santé, à l’éducation, au divertissement, aux actualités et aux annonces publiques et de garder le lien avec nos amis et nos proches”, fait observer l’UIT

Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que la fibre optique est la technologie de très haut débit par excellence qui permettra au Maroc de rattraper son retard en matière de connexion à internet haut débit.

Recommandations :

Au vu de des développements qui précèdent, plusieurs recommandations peuvent être formulées et en premier lieu la nécessité :

– d’assouplir les procédures d’octroi des autorisations de la part des collectivités territoriales au profit des opérateurs télécoms pour l’installation de la fibre optique.

– de sensibiliser les collectivités territoriales qui peuvent aussi jouer un rôle central en tant que facilitateurs du déploiement des infrastructures FTTH, notamment par le biais de la sensibilisation et de la formation.

-Encourager le partage d’infrastructure entre les opérateurs télécoms. Economiquement, il ne paraît pas logique que chaque opérateur de boucle locale optique dispose de sa propre infrastructure pour arriver jusqu’aux abonnés. Donc, en plus des autres partages de l’infrastructure qui peuvent être envisagés, la partie terminale des réseaux fibre devrait aussi être mutualisée entre les opérateurs, afin de faciliter la concurrence.

– Envisager une synergie entre les équipementiers et les entreprises marocaines maitrisant la réalité du terrain au Maroc, pour accélérer davantage le déploiement de la FTTH.

-Pousser les établissements publics et les entreprises gérants les réseaux d’eau et d’électricité à faciliter l’accès aux infrastructures passives dont ils disposent.

– étant donné la spécificité de l’ingénierie de la fibre optique il y a lieu de renforcer la formation dans ce domaine dans les centres de formation.

– prévoir des encouragements sur le plan fiscal pour booster le très haut débit à l’instar de ce qui a été fait en Arabie Saoudite ou au Kenya.

 Ahmed Khaouja Directeur de PTT Maroc (www.PTT.ma)

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