jeudi , 26 décembre 2024

Li-Fi : une standardisation souhaitée pour 2020

Par Guillaume Serries
Par Guillaume Serries

Technologie : Faire passer des données par la lumière est la promesse de cette technologie naissante. Pour réaliser pleinement son potentiel, trois universitaires européens plaident pour une standardisation rapide, surtout que les usages possibles sont multiples. Le LiFi est-il l’avenir de la communication sans fil ? Ce protocole de communication qui utilise la lumière LED pour transporter des informations n’est pour l’heure commercialisé que pour quelques usages (lire Le Li-Fi haut débit arrive pour les clients professionnels) et est réservé aux professionnels.

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Le LiFi est utilisé en géolocalisation indoor. Dans ce supermarché la technologie permet de guider les clients vers les promotions qui les intéressent.  L’écosystème s’organise toutefois et une « LiFi Alliance » est en train de voir le jour sous la houlette des universités de Versailles, Edinbourg, et Oxford. L’enjeu : parvenir à mettre en place une ou des standardisations du protocole en fonction des usages avant que les industriels ne s’emparent de la technologie pour la rendre propriétaire. La LiFi Alliance prendrait ainsi les traits de la célèbre Wifi Alliance. Et la standardisation est souhaitée pour 2020. Pour ce faire, les professeur Suat Topsu (université de Versailles), Harald Haas (université d’Edinbourg) et Dominic O’brien (Oxford) veulent créer le mois prochain un groupe d’intérêt à l’IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers) dans les travaux du 802.11 (normalisation des communications sans fil). Ils entendent aussi préparer un congrès sur le sujet. L’occasion de réunir scientifiques et industriels, et de démontrer les nombreux usages d’une technologie qui autorise un débit bi-directionnel de 400 Gbit/s (en laboratoire), et plus prosaïquement de moins de 1 Gbit/s sur les produits commerciaux actuels.

Faible consommation énergétique

Sa faible consommation énergétique et l’utilisation du réseau d’éclairage lui promet un bel avenir dans les secteurs de la construction d’immeuble de bureau ou d’habitation tout comme pour l’éclairage urbain. C’est ainsi que l’on peut trouver des lampadaires LiFi dans un éco-quartier de Palaiseau. Dans un hôpital de Perpignan, le LiFi est utilisé pour soulager les réseaux sans fil classiques assaillis de connexions. Le Lifi permet alors de soulager le réseau principal. La géolocalisation indoor est aussi un enjeu, avec un essai dans une grande surface commerciale d’Euralile (lire Distribution : Carrefour teste le chariot connecté).

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Le LiFi est utilisé en géolocalisation indoor. Dans ce supermarché la technologie permet de guider les clients vers les promotions qui les intéressent.

Reste que le secteur en forte croissance de l’IoT (Internet des Objets) pourrait aussi bénéficier du LiFi. De quoi « limiter la consommation des batteries » des objets selon Suat Topsu. Les batteries pourraient alors « être rechargées par des panneaux solaires alimentés par le faisceau lumineux de l’émetteur » assure Dominic O’Brien qui prone la mise en place d’un standard de type LPWA pour le LiFi. Et La mise en place de réflecteurs pourrait permettre de sortir de la logique de rayon direct entre la source et la cible dans cette logique de transmission bas débit. De quoi alimenter un objet connecté logé dans un endroit naturellement innacessible à une source lumineuse.

Véhicules connectés et 5G

Autre domaine de recherche, celui de la connectivité des véhicules. « Le LiFi peut être utilisé à l’intérieur de l’habitacle mais aussi comme complément des technologie radio dans les communications directes entre véhicules » assure Luc Chassagne, directeur du Laboratoire d’ingénierie des systèmes de Versailles. Là, le LiFi couplé aux feux de croisement et feux arrières peut permettre de communiquer des informations de véhicules à véhicules. Mais l’on se heurte alors à des problématiques « outdoor » : météorologie, parasitage (effet de mirage) ; autant d’obstacles à résoudre avant que la lumière puisse communiquer des données en extérieur.

Enfin, le LiFi pourrait aussi trouver sa place dans le spectre hertzien dont les scientifiques repoussent les limites du fait de la masse de données qui transitent via les protocoles sans fil (+60% par an). « Avec la 5G nous entrons dans l’ère des ondes millimétriques au-delà des 6 GHz et jusqu’à plus de 100 GHz » explique Harald Haas. « L’étape suivante sont les ondes nanométriques, c’est-à-dire la lumière visible ». « Le futur sera un mix de fréquences radio, de lumière et d’infrarouge » mentionne Dominic O’Brien.

Il insiste aussi sur la sécurisation des communications que propose le protocole. Au contraire des ondes radios, comme le WiFi, les ondes lumineuses s’arrêtent sur les murs et les cloisons. Donc pour pirater une communication, il faut placer un récepteur pirate dans la pièce irriguée, ce qui rend délicat la mise en place d’une attaque Man In The Middle. Avec le Wi-Fi, au rayonnement plus difficilement contrôlable, les risques de piratage sont démultipliés.

L’Europe dans le bon wagon

Les promoteurs de la LiFi Alliance assurent que cette technologie est aussi l’occasion de mettre en avant la recherche européenne sur l’échiquier de la concurrence mondiale. Si « la Chine investit beaucoup d’argent et le Japon a démarré il y a 15 ans » dans le développement du LiFi, explique Harold Haas « les États-Unis sont remarquablement silencieux ». Pas de temps à perdre donc.

Par Guillaume Serries

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