Une première, les caractéristiques physiques du coronavirus présentées sous forme d’une interview réalisée par M. Mohammed Taher SBIHI, universitaire et chercheur en gestion, avec M. Ahmed Khaouja, physicien, ingénieur télécom sur les caractéristiques physiques du coronavirus.
KHAOUJA, vous avez étudié, dans le cadre de votre parcours universitaire, d’importantes facettes de la physique des particules. J’ose affirmer qu’on ne peut parler, aujourd’hui, du coronavirus dit « Sars cov2 », responsable de la pandémie du Covid-19, sans se situer dans l’infiniment petit. Pourriez-vous nous renseigner sur la forme géométrique de ce type de virus, en l’occurrence ?
La famille des coronavirus – « virus à couronne » comme son nom l’indique, tire son nom de son aspect géométrique de forme sphérique, comme une couronne solaire. L’ordre de grandeur du diamètre de ce virus est autour de 250 nanomètres, soit 250 fois dix puissance moins 9 mètres. Le sars-cov 19 est cent fois plus petit qu’une cellule humaine. Il n’est observable qu’avec un appareillage électronique de grande résolution. Ainsi, si on fait augmenter son diamètre pour arriver à un mètre, la hauteur d’un être humain, ayant une taille de 1,8 mètre, atteindra en conséquence une hauteur de 18 000 kms, soit cinq fois la distance Casablanca-Istanbul par exemple. Pour rappel et à titre de comparaison, l’ordre de grandeur du rayon de l’atome est de 10 puissance moins 10 mètre.
Le virus en question est donc tellement petit, mais s’est avéré paradoxalement tellement nuisible, eu égard aux ravages qu’il a faits! Est-ce qu’on peut alors avoir une idée sur son poids ou celui d’un coronavirus en général ?
Grâce aux travaux du célèbre professeur de l’université de Purdue dans l’Indiana (Etats-Unis), le pakistanais Rashid Bashir, on a réussi à peser les virus et notamment celui de coronavirus, dont le poids est de l’ordre de 10 puissance moins 18 kilogrammes. Illustration : Si on suppose que 100 millions de virus par individu constituent une charge virale suffisante pour provoquer l’infection et si dans quelques jours on atteint 30 millions d’infections dans le monde; tenant compte du poids du coronavirus, l’ensemble des virus ayant provoqué ces 30 millions d’infections pèseraient que 3 grammes pratiquement !!!
Cette comparaison est riche en enseignements, en effet. Sur un autre registre, mais toujours en relation avec les spécificités de ce coronavirus, on a coulé beaucoup d’encre sur son mode de propagation et de transmission entre les humains. Pourriez-vous nous parler de l’effet physique de la gravité sur le déplacement du virus dans l’air, à travers les microgouttelettes ?
Normalement, le coronavirus, qui n’est pas libre de mouvement dans l’air, est transporté sous forme de postillon par les gouttelettes de salive ou par tout autre micro-organisme vivant. Dès qu’on se met à parler, on peut émettre jusqu’à 5000 particules par minute, d’une taille pouvant atteindre 60 micromètre (μm). Un éternuement génère autant de particules, mais de taille plus petite de 0,5 à 16 μm. Si l’on se met à tousser, on génère immédiatement des particules en plus, de taille comprise entre 0,5 et 30 μm, mais majoritairement inférieure à 2 μm.
Ainsi, une seule toux peut produire jusqu’à 3000 gouttelettes. Certaines d’entre elles peuvent aller au-delà d’un mètre et la vitesse de leur chute sur le sol dépend de leur taille. Cette vitesse varie entre 10 secondes à plusieurs minutes. Mais attention, une microgouttelette peut contenir une centaine de millions de virus. Nombre Suffisant pour affecter la santé d’une personne. Le rôle du masque est justement d’empêcher ces gouttelettes d’entrer dans le système respiratoire.
Le coronavirus constitue donc l’ennemi à abattre. C’est particulièrement un ennemi corpuscule, sordide, mortel et invisible. Je serais alors tenté de savoir si la température peut avoir raison de ce virus et, précisément, à quel degré de température il pourrait être neutralisé physiquement ?
Au laboratoire, l’inactivation physique du coronavirus sars-cov 2 peut être obtenue par son exposition aux rayons Ultra-Violet (UV). Un minimum d’exposition est de 1200 µJ/cm2 pendant 30 minutes. Les lampes UV sont utilisées dans certains hôpitaux et cliniques, mais elles ne sont efficaces que si l’air circule pour transporter le virus jusqu’au niveau des lampes. Celles–ci doivent rester en hauteur car elles sont nuisibles pour la santé des humais et particulièrement pour les yeux. Concernant la destruction du virus par la température, les expériences de destruction thermiques ont permis d’établir que le virus est inactivé à partir de 60°C. Donc, il est recommandé de laver les linges des malades infectés par un détergent habituel, suivant un cycle de température de 60°C minimum pendant une demi-heure au moins.
Justement, comment le savon, qui est un simple détergent, parvient-t-il alors à neutraliser le virus, à température ambiante ?
Je ne suis pas chimiste mais j’ai déjà posé la question aux spécialistes. Ce que j’ai retenu des explications d’un chimiste est que le coronavirus possède une enveloppe lipidique. C’est avec cette enveloppe ou paroi que le virus est infectieux. Le savon, parvient chimiquement à la détruire en la désintégrant, grâce à ses propriétés intrinsèques connues. Dépourvu de cette enveloppe lipidique salutaire, le virus perd son potentiel infectieux. Donc, il est très important de se laver correctement et fréquemment les mains, avec du savon ou un désinfectant à base d’alcool, afin de désactiver les virus, avant qu’ils partent dans les égouts.
Tenant compte de ces caractéristiques physiques, qui sont celles d’un micro-organisme, dont la structure n’est visible que grâce à un microscope électronique à balayage, quelles seraient les principales précautions que l’on devrait prendre ?
Vu le danger potentiel des gouttelettes de salive, quel que soit leur taille, il est salutaire, outre de se laver les mains, de porter correctement un masque, particulièrement dans les lieux fermés et dans certains lieux publics ouverts où il y a foule, et observer la distanciation sociale, comme on l’avait recommandé déjà le 1er mai 2020, dans Lte magazine N°30. Une microgouttelette peut contenir des centaines de millions de ce virus menaçant. D’après les experts dans le domaine, c’est généralement par les orifices corporels, principalement le nez, mais aussi la bouche et les yeux que le virus rentre dans le corps humain.
Au terme de cet interview qui, j’espère bien, éclairera la lanterne des lecteurs de Lte magazine sur un aspect insuffisamment traité par ailleurs, en l’occurrence les caractéristiques physiques du coronavirus, je serais curieux de savoir pourquoi cet intérêt et cet engouement pour cette thématique ?
Avant d’être admis à l’Ecole Nationale Supérieure des Télécoms de Paris (ENST) en 1979, J’ai travaillé de 1977 à 1978 dans le domaine de la physique des particules, comme vous l’avez annoncé en préambule de cet entretien. Curieusement, l’étude des caractéristiques physiques du virus me rappelle mes cours de physiques nucléaire à la faculté des sciences de Rabat avec d’éminents professeurs marocains et français.
On a réalisé des manipulations nucléaires sans avoir jamais vu ni atomes ni rayonnement. On analysait les différentes expériences en étudiant juste les effets secondaires sur des matières spécifiques le passage des ondes ou de particules. De même, aujourd’hui, le personnel médical lutte contre le virus dans les hôpitaux sans le voir. La différence entre le nucléaire et la pandémie du virus, c’est que, quand on est positif au coronavirus, les premiers symptômes du Covid-19 apparaissent au bout de 14 jours maximum, alors que dans une centrale nucléaire, quand on est exposé aux excès de rayonnement gamma par exemple, les effets apparaissent sur une plus grande période, sous forme de maladies cancéreuses. Mais je pense que l’ambiance pour les techniciens nucléaires, dans une centrale et celle pour le personnel médical présente une certaine similitude. Donc, personnellement, l’un des enjeux de l’avenir de l’humanité, est de mieux réguler le domaine de l’infiniment petit, tant dans le domaine de la biologie que celui de la physique des particules et du nucléaire. René Guenon, philosophe français (1986-1951), avait déclaré en 1924 dans son livre « Orient et Occident » ce qui suit : « … Il n’est pas besoin de beaucoup d’imagination pour se représenter l’Occident finissant par se détruire lui-même, soit dans une guerre gigantesque dont la guerre 14-18 ne donne encore qu’une faible idée, soit par les effets imprévus de quelque produit qui, manipulé maladroitement, serait capable de faire sauter, non plus une usine ou une ville, mais tout un continent …».
Enfin et au nom de Lte magazine et ses lecteurs, on tient à rendre un hommage solennel aux 60 millions travailleurs de la santé dans le monde qui se mobilisent sur le terrain de manière exemplaire pour sauver la santé des humains de ce méchant virus !
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