lundi , 2 décembre 2024

Le haut débit fixe et les MSAN

La notion du haut débit a évolué dans le temps et dans l’espace. Dans le temps en fonction de l’évolution technologique et dans l’espace selon les interprétations données par des différents pays et par les différentes organisations internationales. Actuellement dans le temps et dans l’espace, on situe le haut débit entre 1 et 30 mégabits par seconde. Le haut débit est offert par les réseaux mobiles comme la 3G, les réseaux satellitaires comme les VSAT ou par les réseaux fixes par le biais notamment de l’ADSL (Asymmetric Digital Suscriber Line). Les lignes ADSL étaient connectées par le passé aux réseaux fixes via les DSLAM (digital subscriber line access multiplexer), aujourd’hui elles le sont via  les MSAN (Multi Service Access Node). Dans cet article on ne parlera que de l’accès haut débit offert par les réseaux fixes via les MSAN (Multi Service Access Node).

Au niveau de notre continent l’Afrique, certains opérateurs télécoms ont commencé à installer, dans le cadre des architectures dites  NGN (Next Generation  Network) et IMS (IP Multimedia Subsystem) les technologies d’accès dites MSAN (Multi Service Access Node) à partir de 2010. La technologie MSAN permet d’offrir une multitude de services dont notamment l’ADSL via notamment les  MSAN out dour. Les MSAN out dour sont installés par certains opérateurs historiques détenant l’infrastructure de la boucle locale au niveau des sous répartiteurs. Avec ces MSAN out dour, les offres des services de dégroupage, sont assurés désormais au niveau des sous répartiteurs. Ce qui constitue une véritable rupture par rapport au dégroupage classique qui était offert aux opérateurs alternatifs au niveau des répartiteurs généraux. Le dégroupage concernant la desserte les zones radiales, pourra être  toujours assuré au niveau des MSAN indour installés non loin des répartiteurs généraux. L’accès virtuel partiel  à la partie métallique, située entre le MSAN out dour et l’abonné, consiste souvent en la fourniture des seules fréquences non vocales. L’accès total à cette partie métallique consiste en la fourniture de l’intégralité des fréquences.ILL317_hiX 56xx

Un MSAN est un équipement qui constitue, dans la plupart des architectures de type NGN, un point d’entrée unique vers les réseaux d’accès des opérateurs. A la différence d’un DSLAM (digital subscriber line access multiplexer), dont le châssis modulable ne peut supporter que des cartes permettant de proposer des services de type xDSL, un MSAN peut supporter des cartes RNIS, Ethernet, voix sur IP… De ce fait, au sein d’un seul et même module MSAN, l’opérateur peut déployer toutes les technologies d’accès envisageables sur son réseau. Ainsi avec les MSAN out dour on demande aux opérateurs alternatifs de commander le dégroupage aux opérateurs historiques au niveau des sous répartiteurs. Cette évolution du dégroupage, du répartiteur général vers les sous répartiteurs, n’est pas facile pour les opérateurs alternatifs. En effet dans le cadre du dégroupage classique les opérateurs alternatifs avaient la possibilité de monter leur buisines plan en ayant la possibilité de s’adresser à un ensemble de sous répartiteurs alors que dans le cadre des MSAN out dour les opérateurs alternatifs doivent concevoir leur business plan pour chaque sous répartiteur. Avec le dégroupage de la sous boucle locale avec les MSAN extérieurs, le dégroupage serait effectué bien plus « bas » sur le réseau au niveau des sous répartiteurs. La qualité de service du haut débit offert par l’ADSL dépend de la distance géographique entre l’abonné et le nœud de raccordement de l’opérateur.Le déploiement de la fibre optique jusqu’aux sous répartiteurs, permet la réduction l’affaiblissement des lignes ADSL existantes certes. Mais pour passer d’un ADSL DSLAM à un ADSL via les MSAN outdour ne se réalisa pas sans de grandes difficultés pour les opérateurs alternatifs.

La première difficulté provient du fait que les sous-répartiteurs sont de petites armoires sur lesquels il n’est pas toujours facile d’installer d’autres équipements nouveaux. La deuxième difficulté provient des travaux de génie civil qu’il y a lieu de réaliser notamment par les opérateurs alternatifs quand il y a notamment manque de volonté de partage du génie civil et de la fibre optique existants. La troisième difficulté provient de l’impossibilité de garantir une rentabilisation financière aux opérateurs alternatifs. Car ces opérateurs alternatifs doivent au même temps penser à cibler les clients potentiels voulant du haut débit par le biais de la technologie MSAN via les sous répartiteur tout en pensant à les raccorder directement par la technologie du très haut débit dite FTTH ( fiber To The Home).

Etant donné la complexité du sujet des MSAN outdour, au niveau international, dans certains pays le « dégroupage de la sous-boucle locale » a été décidé par le biais d’un amendement de la loi télécom. D’autres pays ont simplement interdit l’installation des MSAN extérieurs pour des raisons liées notamment aux problèmes de l’esthétique des villes car les MSAN out door exigent d’autres installations actives à côté des sous répartiteurs. Enfin dans certains pays, les opérateurs concernés se sont contentés d’informer les régulateurs par courrier de l’installation de ces MSAN extérieurs.

En conclusion on peut affirmer que l’installation des MSAN outdoor à créer des conditions nouvelles pour les opérateurs alternatifs intéressés à raccorder leurs abonnés via le dégroupage. En effet, comme on vient de dire précédemment, avant ces opérateurs alternatifs avaient la possibilité d’offrir des services notamment Internet à partir des répartiteurs généraux dans le cadre du dégroupage par l’utilisation des DSLAM en ciblant plusieurs sous répartiteurs  à la fois. Alors avec les MSAN outdoor on demande aux opérateurs alternatifs de faire venir la fibre jusqu’à ces MSAN outdour. Ce qui est compliqué pour eux car ces derniers doivent le faire dans le cadre de business plans rentables financièrement, ce qui n’est pas évident. Normalement l’installation des MSAN outdour  nécessite une grande intelligence de tous les acteurs concernés pour la mise en place des conditions favorables notamment à l’accès aux infrastructures dites passives pour les opérateurs alternatifs. Ces actions doivent être entreprises  tout en tenant compte des spécificités africaines en matière de l’ADSL.

Par Youssef Diop consultant télécom et TIC

NB : cet aspect est aussi abordé dans le cadre des modules de la formation assurée par PTT Maroc. 

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