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Le paiement par les mobiles

Le paiement par les mobiles

Le paiement mobile, qui désigne l’ensemble des transactions de paiement réalisé à partir d’un téléphone mobile, consiste au règlement de certains achats de produits et services ou au transfert d’argent à partir des terminaux mobiles. Ces paiements sont généralement débités sur : une carte bancaire, une facture d’opérateur télécom ou un Porte-monnaie électronique.

Si jadis, on effectuait nos achats avec des moyens de paiements conventionnels comme la carte bancaire, le chèque ou en espèces, aujourd’hui, avec l’internet, de nouveaux systèmes de paiement sont apparus comme le paiement par des terminaux mobiles dotés du code NFC (Near Field Communication). Avec le paiement mobile, les frontières entre le commerce traditionnel et le commerce, dit électronique, sont en train de disparaitre. Ainsi, on peut choisir le produit ou le service sur internet et payer avec nos mobiles connectés qu’on a choisis. Au premier trimestre de 2015, le paiement par les mobiles a représenté presque 29% du total des paiements en ligne, au niveau mondial, selon Adyen spécialiste des solutions du paiement mobile international.

Le tout m-paiement y compris la NFC a représenté un total de 285 milliards USD en 2014 et le cabinet Arthur D. Little prévoit que ces chiffres vont continuer de croître à un rythme rapide et ils peuvent dépasser les 800 milliards de dollars d’ici 2017.

Avec ce mode de paiement, on assiste à l’émergence de nouveaux acteurs qui gagnent des parts de marchés chaque jour, qu’on appelle les Fintech. Ces nouveaux acteurs du paiement mobile sont les opérateurs classiques de cartes bancaires comme Visa, les acteurs du paiement dynamiques dans le commerce électronique. Ces Fintech se développent a côté des GAFA comme Amazon et Google Wallet. Certains opérateurs télécoms se lancent aussi dans ce domaine du m-paiement. 

Si les banques n’évoluent pas suivant cette tendance technologique, alors ces nouveaux acteurs cités peuvent les dépasser. Après avoir raté le virage du paiement Internet, les banques risquent aussi de ne pas réussir le paiement sur mobile. M. Benchaaboun PDG de la Banque populaire au Maroc, a récemment déclaré que le défi de toutes les banques est l’adaptation au digital et que l’Etat aura toujours besoin des banques pour assurer de l’investissement et le contrôle de l’inflation.    L’apparition des nouveaux acteurs pourrait perturber sérieusement le business modèle des banques. Le forum économique de Davos édition 2016 prévoit une numérisation totale des banques d’ici 10 ans, dans le cadre des débats consacrés à la quatrième révolution industrielle. Ce qui pourrait conduire à la fin du cash et probablement des succursales bancaires dans une dizaine d’années. Le système de paiement par les mobiles sans contact d’Apple Pay connait un succès auprès de grandes entreprises et grandes chaines de restauration. Apple a déjà conclu plus de 500 accords avec les banques et est en train d’équiper plus de 220 000 points de vente d’une chaine américaine de restauration rapide.

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Au Maroc, le débat est lancé autour du paiement par les mobiles. Une nouvelle loi a été adoptée au Maroc pour s’y préparer, c’est la loi n° 103.12 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés adoptée en novembre 2014 dite « loi bancaire ». Cette nouvelle loi bancaire complète le champ d’application des moyens de paiement en reconnaissant pour la première fois la monnaie électronique. Celle-ci est définie comme étant toute valeur monétaire représentant une créance sur l’émetteur et étant stockée sur un support électronique, émise en contrepartie de la remise de fonds d’un montant dont la valeur n’est pas inférieure à la valeur monétaire émise et acceptée comme moyen de paiement par des tiers autres que l’émetteur de la monnaie électronique.  Au Maroc, le paiement par les mobiles peut décoller à l’instar de ce qui existe ailleurs. Par exemple dans le paiement de la billetterie pour les transports publics ou les autoroutes. Le Maroc semble d’ailleurs s’acheminer vers cette solution puisque plusieurs organismes mènent des expériences dans ce sens, comme la société qui exploite le tramway afin d’utiliser le téléphone mobile comme moyen de paiement.

Il existe trois types de paiement par les mobiles : les paiements sans contact, les paiements par les mobiles sur les sites de commerce électronique et un paiement futuriste en cours d’expérimentation chez Google. Le quatrième mode c’est plutôt du transfert d’argent de mobile à mobile, qui dans certains cas peut être utilisé comme mode de paiement.

 

1-Paiements sans contact : Le paiement sans contact repose dans la majorité des cas sur la technologie dite Near Field Communication (NFC). Cette technologie NFC repose sur l’utilisation d’un protocole de communication sans fil ou « sans contact », à courte portée de moins de 4 cm, permettant l’échange d’informations entre deux périphériques, tels qu’un mobile et un terminal de paiement électronique (TPE). Pour effectuer son paiement, l’utilisateur doit passer son téléphone mobile sur le TPE et éventuellement valider son règlement par un code, surtout quand il s’agit d’une grande somme. Pour que l’opération soit valide, il faut que le mobile soit doté d’une de puce spécifique NFC et que le commerçant ait préalablement installé une application de paiement sans contact sur son TPE. C’est Google qui s’impose sur le paiement mobile sans contact avec sa solution Google Wallet.  Le Bluetooth peut aussi être utilisé pour le paiement à travers une borne. C’est une connectique sans fil qui présente à la fois des avantages et des inconvénients par rapport à la NFC. Le Bluetooth peut atteindre 50 m, le NCF 4cms. Par exemple l’application Bluetooth de paiement mobile d’Apple permet la mise en œuvre de plusieurs nouveautés dans le domaine comme le fait de guider les clients dans le lieu commercial après les avoir détectés et identifiés. En pratique, on constate que la plupart des terminaux Bluetooth sont également équipés de NFC. Des mesures sont prévues pour prendre des précautions avec la NFC. Ainsi, en France, à titre d’exemple, pour les paiements jusqu’à 20 euros, le commerçant saisit le montant sur le terminal et le consommateur présente, son mobile à moins de 4 cm du lecteur carte et la transaction est effectuée. Le consommateur n’a donc même pas à déverrouiller ou à manipuler l’interface de son téléphone. Pour les paiements supérieurs à 20 euros : Après avoir présenté son mobile devant le terminal, le consommateur doit saisir son code confidentiel sur son téléphone mobile puis le présenter de nouveau devant le lecteur carte pour conclure le paiement. Au Salon des mobiles tenu à Barcelone du 22 au 25 février 2016, on estime le marché total du m-paiement NFC à 516 millions de dollars en 2019, contre 100 en 2014. Une innovation de MasterCard a été présentée à la conférence « commerce digital » dans ce congrès et qui consiste à payer certains petits achats avec une bague ou une montre connectées.

2-Paiement à partir des sites dits de commerce électronique : C’est le mode de paiement qui est actuellement le plus utilisé dans le monde y compris au Maroc. Les consommateurs connectés à Internet choisissent d’abord ce qu’ils veulent acheter et payent directement sur Internet à travers une application dédiée permettant le paiement en ligne.  Apple Store est un exemple de paiement à distance pour les achats d’applications pour mobile. Les abonnés marocains, dotés d’un mobile adéquat et connectés, peuvent effectuer des achats ou régler leurs créances via leurs mobiles avec la version mobile des pages de paiement en ligne sécurisées de Maroc Télécommerce qui ont été adaptées à ce service. Le SMS peut aussi être utilisé, dans certains cas comme mode de paiement mobile à distance. En échange d’un SMS surtaxé, l’utilisateur reçoit sur son téléphone l’application ou le service qu’il a acheté. Il paye donc via sa facture mobile. L’opérateur se charge ensuite de payer le fournisseur d’origine. Ce service fonctionne bien au Maroc pour fournir divers services à travers des numéros spéciaux et dans le cadre de contrat liant les opérateurs et les prestataires de services. En France, exactement à Montpellier, il est déjà possible de payer son stationnement à distance par les mobiles grâce à la solution du groupe PayPoint.

 L’architecture du paiement par internet au Maroc

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3- Un système futuriste de paiement dit de « mains libres » de Google en cours d’expérimentation à San Francisco aux USA.

Google vient de mettre en œuvre un système de paiement appelé Hands Free ou « Mains Libres » qui n’exige que l’utilisation des mains pour payer dans les magasins. Donc, il suffit d’avoir son smartphone sur soi et de dire « Je voudrais payer avec Google », sans avoir à le sortir de sa poche ou bien de son sac. Ce nouveau système de paiement qui utilise le Bluetooth LTE ou le Wi-Fi pour détecter que le client se trouve bien dans la boutique où il veut faire le paiement. Pour plus d’informations voir le lien suivant : http://www.presse-citron.net/oubliez-le-paiement-nfc-google-teste-une-solution-mains-libres/

4-Transfert d’argent de mobile à mobile : Le transfert d’argent de mobile à mobile est particulièrement développé notamment dans certains pays au niveau de notre continent Afrique. Le Kenya est un bon exemple où le service a connu un grand succès. Au-delà des acteurs classiques du transfert d’argent domestique et international comme Western Union, de nombreux opérateurs téléphoniques proposent des comptes de monnaie électronique associés au numéro de mobile, permettant d’accéder à une gamme de services, notamment transfert d’argent, paiement de factures et achat de crédit téléphonique. Au Maroc, le transfert d’argent de mobile à mobile d’un même opérateur a été lancé en 2010, par certains opérateurs télécoms au Maroc, dans le cadre de la loi n° 34-03 relative aux établissements de crédit et la loi 24-96 relative aux télécoms. Malgré une campagne de communication de grande envergure, le succès n’était pas au rendez-vous au Maroc, en raison du taux de bancarisation plus élevé, de la présence de la poste partout et des organismes apparentés comme Western Union. La poste, qui joue aussi un rôle de banque, comptait au même moment plus de 1 600 points de contacts dont 70 % en milieu rural et 30% en milieu urbain.

Signalons qu’un effort de standardisation du paiement en ligne, y compris par les mobiles, a déjà commencé au W3C (World Wide Web consortium), l’organisme international qui travaille pour les standards du Web. C’est un travail qui vise à offrir plus de choix, de sécurité et de simplicité aux consommateurs comme aux marchands, afin qu’ils puissent utiliser d’une manière plus efficace le paiement en ligne  à travers des standards ouverts garantissant une meilleure interopérabilité.  Au Maroc, le W3C est représenté à l’Ecole Mohammedia d’Ingénieurs de Rabat. Dans un prochain numéro de Lte Magazine, M.Tounsi professeur à l’EMI et qui est en charge de ce Bureau W3C, va traiter dans un article ce travail « Web Paiement » au W3C ».

 En conclusion, on est en mesure de se poser la question suivante : quel est sera le rôle des régulateurs télécoms et celui des régulateurs des activités liées aux paiements par les mobiles ? Comment seront rémunérés les différents acteurs dans la chaine de valeur du paiement par les mobiles ? Qui sera en charge de fixer et de contrôler les différentes marges dans cette chaine de valeur ? Comment seront rémunérés les opérateurs télécoms qui doivent continuer à offrir des réseaux télécoms de qualité ? Concernant les problèmes de sécurité : quels sont les moyens déployés pour éviter les divers risques qui peuvent toucher certains individus ou tout un pays comme ce fut le cas en Estonie en 2007 ? Les attaques informatiques sont de vraies guerres discrètes et sans bruit, pouvant provoquer des dégâts relativement importants pouvant toucher aussi les plates de formes du m-paiement.

Ahmed Khaouja Consultant Télécoms et TICs

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