Leçon de la Panne électrique en Europe : On demeure le plus souvent incapable de prédire l’avenir
mai 12, 2025
tribune libre
En avril 2025, l’Espagne, le Portugal et le Sud de la France ont subi une importante panne d’électricité, en partie attribuée à un phénomène méconnu. Certains ont liés ces pannes à des vibrations induites par l’atmosphère. Ces oscillations mécaniques se produisent lorsque des facteurs externes — comme des vents constants ou des déséquilibres dans les câbles — entrent en résonance avec les lignes électriques à haute tension. Ce type de vibration peut fragiliser les infrastructures, surtout dans des conditions météorologiques extrêmes. L’incident a mis en lumière la vulnérabilité des réseaux électriques interconnectés en Europe et la complexité de leur rétablissement. Toutefois, la part exacte de responsabilité de ce phénomène reste encore discutée par les experts. D’autres experts ont attribué la panne d’électricité qui a touché l’Espagne à une défaillance du système électrique. L’interconnexion entre les réseaux régionaux et nationaux pourrait avoir causé des déséquilibres entre l’offre et la demande. Mais cette panne a le mérite de sensibiliser les politiques sur d’autres risques pouvant arriver comme fut le cas en 1859.
Quand le ciel attaque : le risque oublié des tempêtes solaires
Cette récente panne relance le débat sur une autre menace, plus rare mais aux conséquences potentiellement apocalyptiques : les éruptions solaires massives. L’épisode le plus connu reste celui du 23 juillet 2012, lorsqu’une tempête solaire d’une intensité exceptionnelle a frôlé la Terre. Observée de près par le satellite Stereo-A de la NASA, elle aurait pu, si elle avait été orientée vers notre planète, provoquer des pannes massives de satellites, de réseaux GPS, de communications, d’aviation et d’électricité – un retour brutal à l’ère préindustrielle.
Un précédent historique, l’Événement de Carrington en 1859, avait déjà démontré l’impact potentiel d’une telle tempête. À l’époque, le télégraphe – technologie de pointe du XIXe siècle – avait subi des dysfonctionnements, allant jusqu’à provoquer des incendies et des décharges électriques violentes.
Aujourd’hui, la dépendance de nos sociétés aux technologies numériques et aux réseaux électriques rend ce type d’événement exponentiellement plus dangereux. Les avions seraient cloués au sol, les satellites d’observation et de communication rendus muets, les systèmes bancaires paralysés, les centres de données inaccessibles. Selon une étude publiée dans Space Weather en 2014 par le physicien Peter Riley, la probabilité d’un tel événement au cours de la prochaine décennie est estimé à 12 % – soit une chance sur dix.
Vers une résilience numérique et énergétique ?
Face à ces menaces, plusieurs pays prennent des mesures de précaution. La Suisse, par exemple, ne se contente plus de stocker de l’or : elle sécurise aussi des données numériques dans des bunkers anti-solaire, enterrés et protégés contre les radiations électromagnétiques. Les compagnies d’électricité, de leur côté, développent des infrastructures plus résistantes aux pics de courant induits et des scénarios de secours en cas de panne généralisée.
Parmi les pistes envisagées :
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La redondance des réseaux électriques et la mise en place de “plans B” pour chaque infrastructure critique.
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La sauvegarde physique des données essentielles, stockées dans des environnements souterrains sécurisés.
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Le maintien d’une expertise humaine pour surveiller, interpréter et intervenir en cas de panne des systèmes intelligents ou automatisés. 
Conclusion : science-fiction ou anticipation réaliste ?
Si l’on considère les récentes pannes comme des signaux faibles, alors il est temps d’intégrer les risques cosmiques dans nos politiques de cyber sécurité et de gestion des infrastructures. Ce n’est plus uniquement l’affaire de la NASA ou des centres météorologiques spécialisés, mais une question de résilience nationale et internationale. En 2025, il ne suffit plus de protéger nos données et nos réseaux contre les cyberattaques terrestres : il faut aussi se préparer à affronter les tempêtes venues du Soleil.
Par Ahmed Khaouja