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Dans un contexte souvent complexe, comment expliquez-vous cette réussite durable ?
Réponse de Ahmed Khaouja :
Publier régulièrement un magazine technologique bimestriel, dans un environnement où les soutiens sont souvent limités, est avant tout un engagement de long terme. Dès sa création le 1ᵉʳ juillet 2015, nous avons fait le choix d’une ligne éditoriale exigeante : privilégier l’analyse approfondie plutôt que l’actualité immédiate. Chaque numéro est ainsi pensé comme un espace de réflexion et de vulgarisation sur les enjeux des télécoms et du numérique.
Au fil des années, Lte magazine est devenu un véritable carrefour intergénérationnel, réunissant à la fois de jeunes professionnels et des experts chevronnés du secteur des NTIC. Cette passerelle entre générations nous tient particulièrement à cœur. La reconnaissance de nos lecteurs, les nombreux retours positifs et la confiance d’acteurs internationaux tels que le groupe IDC – qui nous a choisis comme partenaire pour l’IT Forum de Casablanca – ou la NASA – qui nous a sollicités pour accompagner l’astronaute Daniel Tani lors de sa visite au Maroc en 2019 – témoignent de la crédibilité que nous avons su bâtir. Aujourd’hui, Lte magazine est devenu bien plus qu’un simple média : un espace de dialogue, de partage d’expériences et de transmission des savoirs au sein de l’écosystème des télécoms et du numérique.
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ma, c’est aussi un réseau. Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Réponse : Depuis 2015, chaque publication est une aventure humaine et intellectuelle. Nous avons eu le privilège de collaborer avec des personnalités d’envergure : experts internationaux, chercheurs de renom, inventeurs, astronautes et même des prix Nobel. Ces échanges ont considérablement enrichi notre contenu éditorial et renforcé notre conviction quant à l’importance d’une information rigoureuse et vérifiée, dans un contexte où les fake news et les deep fakes se multiplient.
Je tiens à exprimer ma profonde gratitude envers nos contributeurs, nos lecteurs pour leur fidélité, ainsi qu’envers mon équipe pour son professionnalisme et son engagement sans faille.
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Comment est conçu chaque numéro de Lte magazine ?
Réponse : Chaque édition naît d’une réflexion collective et d’une veille constante. Les thématiques peuvent émerger de propositions de nos contributeurs, de l’actualité sectorielle ou de nos échanges avec les acteurs du terrain. Une fois un sujet arrêté, nous entamons un travail de fond : recherche documentaire, entretiens avec des experts, analyses croisées…
Notre philosophie éditoriale repose sur un principe simple : pour vulgariser correctement un sujet complexe, il faut d’abord le maîtriser en profondeur. Dans un secteur aussi vaste que les télécoms et le numérique, certaines problématiques nécessitent même un retour aux origines historiques pour mieux appréhender les enjeux actuels. Nous refusons de céder à l’écume de l’instantané et privilégions la profondeur d’analyse.
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Que peut-on attendre du site ma aujourd’hui ?
Réponse : Notre ambition est d’éclairer les débats sur des enjeux d’actualité et de prospective. Lte magazine se veut un véritable pont entre les générations et une plateforme de réflexion pour les professionnels des télécoms et du numérique, aussi bien au Maroc qu’à l’international.
Nos newsletters ciblent des audiences spécialisées : opérateurs, régulateurs, chercheurs, institutions internationales telles que l’UIT, la Banque mondiale, la NASA ou les instances africaines de régulation. Nous nous ouvrons également à des thématiques transversales — écologie, économie, management — via une rubrique tribune libre, offrant à nos lecteurs l’opportunité de partager leurs analyses et leurs visions.
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Êtes-vous confiant quant à l’avenir de Lte magazine ?
Réponse : La pérennité d’un média indépendant sans soutien institutionnel reste un défi permanent. Mais notre détermination est intacte, portée par la conviction que notre mission reste utile et nécessaire.
À moyen terme, nos objectifs sont clairs :
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Consolider un modèle économique pérenne afin d’assurer la stabilité financière du magazine ;
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Offrir une vitrine de publication aux jeunes chercheurs africains, en valorisant leurs travaux à l’échelle internationale ;
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Développer de nouveaux partenariats stratégiques pour amplifier notre impact.
Comme le dit un proverbe russe : « Tomber est permis, se relever est obligatoire. » C’est dans cet esprit que nous avançons.
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Revenons à l’origine du projet. Qu’est-ce qui vous a inspiré la
Réponse : Le projet est né en 2015, à un moment de transition professionnelle. Avec une allocation de 3 000 euros perçue de mon précédent employeur à la retraite, j’ai décidé de miser sur le numérique. J’ai acquis un matériel performant, acheté des noms de domaine pertinents et lancé rapidement le magazine.
Tout au long de ma carrière d’ingénieur télécoms, j’ai toujours cherché à innover en pratiquant ce que j’appelle la « stratégie de raccourci » : aller à l’essentiel avec rigueur et rapidité, plutôt qu’à rechercher systématiquement la rupture.
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Quelle est votre organisation aujourd’hui ? Comment le magazine est-il financé ?
Réponse : Dès le démarrage en 2015, j’ai sollicité différents acteurs du secteur et quelques institutions publiques pour obtenir des soutiens. Deux partenaires privés, basés à Casablanca et à Témara, ont répondu positivement.
Le financement initial reposait principalement sur mes activités de formation et de conseil en régulation. Aujourd’hui encore, Lte magazine fonctionne selon un modèle hybride : il constitue à la fois un média de diffusion, un outil de veille et un support pédagogique pour mon équipe.
Sur le plan organisationnel, nous travaillons de manière totalement décentralisée grâce aux outils numériques et au cloud. Nos contributeurs collaborent depuis plusieurs continents, conférant à notre structure une souplesse et une agilité essentielles dans un contexte international.

Côté organisation, nous travaillons de manière décentralisée et collaborative grâce aux outils numériques et au cloud. Des contributeurs de plusieurs continents collaborent avec nous à distance, rendant notre modèle à la fois souple, agile et international.
Entretien réalisé par Youssef Diop.