Principal partenaire commercial du Maroc, les pays européens importent une part non négligeable de leurs produits et marchandises du Maroc et participent aux investissements directs et à certaines aides publiques pour le développement économique du pays.
A partir de certains pays européens, comme la France, l’Espagne, la Belgique et l’Allemagne, est également rapatriée, au Maroc, une bonne partie des fonds issus des migrations. Ces fonds contribuent, à côté des devises apportés par les touristes, notamment européens, à l’équilibre de notre balance de paiement.
Dans le cadre des interactions économiques entre le Maroc et la zone euro, nous examinons, à travers le présent article, dans quelle mesure la crise de la zone euro est susceptible d’affecter l’économie marocaine. La crise de l’euro doit alerter les décideurs marocains et les mettre en garde sur la fragilité, pour le Maroc, de ses relations de partenariat avec l’Europe et devrait les inciter à explorer et à développer de nouveaux débouchés, avec d’autres régions du Monde.
Heureusement, en ce qui concerne les impacts à court terme et les effets des fluctuations boursières sur l’économie marocaine, il n’y a pas, à vrai dire, de grand risque, dans la mesure où notre système financier est protégé par une politique de change assez restrictive, en ce qui concerne les mouvements de capitaux avec le reste du monde. Par contre, une plus grande prudence doit être particulièrement observée, en ce qui concerne les effets à long terme de cette crise sur l’économie nationale.
Tout d’abord, il y a lieu de préciser que l’Union européenne (UE) est un espace géographique septentrional comptant 28 pays de tailles différentes et aux régimes politiques et constitutionnels multiples. Elle est caractérisée par une variété culturelle, civilisationnelle et linguistique (24 langues).
Représentant la première puissance économique mondiale, pour une superficie totale de 4,5 millions de km2 , sa population totalise plus de 508 millions d’habitants, soit 7,17% de la population mondiale. Le PIB annuel de l’UE s’établit à plus de 18 milliards de dollars, soit 23,64% du PIB mondial. Les USA participent pour 22,37% de ce produit.
La zone euro a été créée en 1999 par onze pays : Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Autriche, Espagne, Finlande, et Irlande.
Ces pays ont été rejoints par la Grèce en 2001, par la Slovénie en 2007, par Chypre et Malte en 2008, par la Slovaquie en 2009 et enfin l’Estonie en 2011. Les membres fondateurs de l’Union européenne sont les six premiers, cités plus haut.
Pour rentrer dans la zone euro, il y a en principe des conditions à respecter. Ce sont les fameux critères de Maastricht, à savoir :
– Stabilité des prix : le taux d’inflation d’un État membre ne doit pas dépasser de plus de 1,5 point celui des trois États membres, présentant les meilleurs résultats en matière de stabilité des prix.
– Taux d’intérêt à long terme : ils ne doivent pas excéder plus de 2 % ceux des trois États membres, affichant les meilleurs résultats en matière de stabilité des prix.
– Déficit public : la dette publique doit être inférieure à 60 % du PIB précédent et le déficit public doit être en dessous de 3% de ce produit.
Sur le plan institutionnel, l’UE est régie par le Traité sur l’Union Européenne et le Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, ainsi que par la mise en vigueur du Traité de Lisbonne. Sa structure institutionnelle est en partie supranationale, en partie intergouvernementale : le Parlement européen est élu au suffrage universel direct, tandis que le Conseil européen et le Conseil des ministres sont composés de représentants des États membres.
La Commission européenne est élue par le Parlement, sur proposition du Conseil européen. Quant à la Cour de justice, elle, est chargée de veiller à l’application du droit de l’UE.
Les principes fondamentaux de l’UE forment un ensemble de valeurs communes aux états membres de l’Union. Le 12 octobre 2012, le prix Nobel de la paix est attribué à l’UE pour « sa contribution à la promotion de la paix, la réconciliation, la démocratie et les droits de l’Homme en Europe ».
Depuis sa création, cette union a connu des échecs qui l’ont affaiblie. On peut citer à titre d’exemple, le rejet du projet de constitution européenne en 2005, les crises financières et économiques en 2008/2009 et la crise de l’euro depuis 2010/2011.
Cette crise désigne une suite d’événements financiers qui ont affecté, depuis le début de l’année 2010, les économies des États membres de l’UE, dont la monnaie de référence est l’euro. Ladite crise résulte, en premier lieu, de l’endettement excessif des pays de la zone euro.
Le premier événement est relevé en 2010, avec la crise de la dette grecque, provoquée par son important et constant déficit public. La crise de la zone euro s’étend à l’automne de cette année, avec celle de la dette publique de l’Irlande, provoquée par le sauvetage des banques nationales, lequel a été rendu nécessaire par les excès antérieurs de la dette privée.
Durant l’été 2011, une tempête boursière survient, en partie à cause de la crise de la dette publique ayant sévi en Gréce. Pendant plusieurs années, le gouvernement Grec a dissimulé la réalité des comptes publics, en mentant délibérément à Bruxelles. Il s’agissait, coûte que coûte pour ce pays, d’éviter les sanctions financières que prévoit le traité de Maastricht, à l’encontre des pays trop dépensiers.
Au-delà des problèmes issus de la dette, il importe de souligner que les causes profondes de la crise de l’euro sont aussi bien structurelles que conjoncturelles.
– Raisons liées à la théorie des zones monétaires optimales
Selon la théorie économique, les pays n’ont intérêt à avoir une monnaie commune que si :
– ils sont intégrés économiquement ;
– Leurs économies ne réagissent pas trop différemment aux chocs économiques ;
– Il existe des mécanismes aptes à remédier aux divergences existantes ou pouvant apparaitre.
Or, ces trois conditions, prises individuellement, ne sont pas toujours réunies de manière satisfaisante, au sein des pays de la zone euro. Ce qui génère en permanence des incohérences qui constituent un blocage à la réussite du projet de monnaie unique.
Bien plus, la troisième condition est celle qui s’est le plus imparfaitement vérifiée, jusqu’à nos jours. Les mécanismes d’ajustement, dont il est question, pêchent encore par leur faiblesse manifeste.
– Déséquilibres dus à un endettement extérieur excessif :
La crise a donc été causée, comme la plupart des crises économiques, par des déséquilibres entre pays de l’eurozone , dus à un endettement excessif public et privé des pays périphériques vis-a-vis de l’extérieur. Cette situation a fini par susciter un arrêt brutal (sudden up) des financements. Ces dettes s’étaient accumulées depuis la création de l’euro, qui avait déclenché des flux de capitaux très importants des pays les plus prospères (Allemagne, France et Pays- Bas) vers les pays de la périphérie.
Une part très importante de ces capitaux, ayant été investis dans des secteurs non commerciaux (logement et secteur public) n’étaient pas structurellement aptes à amortir le coût de l’investissement. Ces secteurs avaient suscité des hausses de salaires et des coûts additionnels, qui avaient abaissé la compétitivité des pays concernés, dégradant ainsi leurs comptes courants.
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Problèmes liés à des visions politiques différentes :