jeudi , 26 décembre 2024

Quand l’Intelligence humaine (IH) contemple la lune, l’Intelligence artificielle (IA) y voit un feu orange

De quoi s’agit-il ?

L’Intelligence Artificielle (IA), invention humaine toute récente, est une évidence parmi nous. Elle s’invite dans tous les domaines : médecine, formation, industrie… et bien évidemment elle est l’outil de pointe de nos politiques et de nos militaires. Face à toutes les réjouissances prématurées de ses utilisateurs et devant les déclarations des différents leaders GAMAM-ISTES* qui vantent l’arrivée d’une nouvelle ère porteuse de tous les bonheurs grâce à l’IA, les lignes qui suivent, nourries de sagesse purement littéraire, invitent modestement à la prudence. Il ne s’agit pas de réfuter ce merveilleux jouet à double tranchant, mais d’inviter à la prévoyance et à la retenue, toutes deux écartées par les temps qui courent. Pour cela, nous allons visiter une sagesse ancienne et ancestrale où on peut lire des traces de cet emballement artificiellement intelligent.

Quand l’intelligence humaine contemple la lune …

Tout d’abord, toute sagesse, quelle qu’en soit l’origine, est caractérisée par une invariabilité dans le temps, une obstination à travers les générations qui la répètent et la transmettent et surtout, elle est particularisée par sa présence identique dans tous les pays : mimétisme géographique, immuabilité temporelle, transmission fidèle.

Et l’adage que nous avons choisi de présenter le long de ces lignes n’échappe pas à cette règle. Il est plus riche par les mots choisis et plus profond qu’il n’y paraît par le sens des mots retenus ; une maxime plusieurs fois millénaires et si rappelée partout et si répétée tout le temps dans toutes les langues que nous avons oublié son origine. La sagesse : quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt est empruntée à la culture chinoise.

D’abord, l’imbécile traduit une personne limitée ou faible d’esprit ou qui en est totalement privée, comme l’est une machine ou tout artifice par exemple ; ensuite, le doigt, qui renvoie à deux dérivés adjectifs d’actualité numériques ! Nous y reviendrons.

Quand l’IH contemple la lune, l’IA y voit un feu orange

Fin juillet dernier, Jordan Nelson, un automobiliste de Nord de la Californie, roulant sur

une ligne droite d’autoroute à Granite Falls, avec une visibilité totale et sans aucun obstacle et, après avoir activé le pilote automatique, il a remarqué que sa Tesla a commencé à ralentir, sans motif apparent, de quelques km/h. Il lui a fallu du temps pour comprendre ce qui se passe.

Ce soir-là, la lune particulièrement basse, était superbement jaune, peu s’en faut pour que, les capteurs du pilote automatique ayant cru à un feu de signalisation orange, commandent à la voiture de ralentir ! Les spécialistes qui ont analysé le fait ont conclu que la voiture a pensé (!) que la lune était un feu orange et a voulu (!) ralentir.

Grâce à ce fait banal de circulation, le sage adage est facilement déclinable en version IA : lorsque la beauté immuable de la lune fascine l’intelligence humaine, l’IA y voit un feu orange virtuel !

Quelle tristesse et quelle pauvreté d’esprit de cette IA ! Car, et c’est exactement ce qui s’est passé, lorsque la lune est objet de fascination, de méditation et de contemplation pour l’homme, pour tout homme, l’IA la voit comme un objet artificiel comme elle, elle la voit comme un artifice de circulation : un feu orange. Pour caractériser l’absurdité de l’application, les spécialistes de l’IA appellent cette erreur d’appréciation un « cas limite ». Or, encore une fois, limitée est une personne faible d’esprit autrement dit imbécile : ce qu’il fallait rappeler.

Tout se passe comme si, l’IA devient stupide à chaque fois qu’on l’inonde de raison ; elle devient aveugle à toute intelligence à chaque fois qu’on la comble d’intelligence !

Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt

Reprenons notre adage d’où nous sommes partis qui, tout en ayant traversé des millénaires et des terres sans prendre la moindre ride, recèle un trésor ou un mystère. L’imbécile, dont l’ancêtre mot est bacille qui signifie bâton, voudrait dire celui qui manque de bâton, donc d’appui ; celui qui est du coup faible et par glissement sémantique, a fini par signifier : faible d’esprit. Ainsi l’imbécile est quelqu’un à qui manque l’essentiel, c’est pour cela qu’il n’est pas fasciné ni ému par la belle lune : l’esprit lui fait défaut ; au lieu d’admirer la beauté de la lune, ce qui exige attention et effort, l’imbécile regarde et capte comme le fait toute caméra ou tout appareil.

Enfin le doigt a pour adjectif : digital qui a pour synonyme : numérique. Nous y sommes : l’imbécile, le faible d’esprit est attiré par le digital, par le numérique et de fil en aiguille par l’IA. Au lieu de réfléchir, d’analyser, avant de prendre de décision, l’imbécile, moi par moment, vous à coup sûr également, nous nous retournons vers le numérique, vers les digitaux, vers les YouTube et consœurs pour demander conseil et sagesse…

L’adage populaire répète depuis toujours à qui veut l’entendre, lorsque la sage invite à la retenue et à la réflexion, l’imbécile préférait aller se réfugier, avant, dans le digital et le numérique et maintenant, depuis très peu, il a choisi de s’abriter sous l’IA, préférant l’immédiateté et la vitesse à la réflexion : le doigt est vite accessible mais pas la lune…

L’IH versus l’IA

Dans l’intelligence humaine (IH), certes, l’adjectif “humain” fait savoir ce qui se rapporte à l’Homme c’est-à-dire ce qui est anthropomorphe. Or, ce même adjectif, offre un large spectre de qualités propres à l’Homme : bienfaisant, bienveillant, pardonneur, généreux, secourable, sensible. Bref, philanthrope et sincère.

D’autre part, l’opposé de “l’humain” est l’artificiel, le factice et le fabriqué c’est-à-dire le manufacturé ; ce qui nous rapproche du manipulé et du manipulateur.

 En effet, après le mot digital qu’on vient de quitter, en voilà un autre entièrement magique également enfanté par le doigt de l’imbécile de départ : prestidigitateur, puisqu’un prestidigitateur est un manipulateur des doigts ; donc un manipulateur digital ou encore un manipulateur numérique.

Et d’ailleurs, c’est ce qui s’est passé tout récemment avec un chien consulté chez un vétérinaire, que les mains prestidigitatrices d’une IA, ont transformé en bébé calciné manœuvré par des mains chirurgicales opérant dans un hôpital pour grands brûlés.

Pour finir

Sans une certaine éthique dans le pratique digitale et numérique, en l’absence de déontologie dans l’utilisation de l’IA, notre globe, devenu de plus en plus petit et de plus en plus plein, sera transformé en un village où l’escroquerie intellectuelle sera la règle ; où le mensonge sera la norme ; où la tromperie sera la seconde nature de l’IA ; où les manigances prestidigitatrices de l’IA dicteront la loi : alors, à l’échelle du globe, il faudra se réveiller tôt pour pouvoir distinguer le faux du vrai et le vrai faux du faux vrai… À relire la maxime de départ, on aurait préféré que le sage nous ait averti sur le doigt et son digital ; sur le doit et sa prestidigitation.

*GAMAM : Google, Apple, Meta (Facebook), Amazon, Microsoft.

Par Ata-Ilah Khaouja

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