dimanche , 24 novembre 2024

« Télécommunications » et non « Télécommunication»

Télécommunication au singulier n’a qu’un seul sens restreint et pauvre celui de communiquer à distance.

Télécommunications prend  toujours et presque dans toutes les langues un sens au pluriel quand elles sont associées aux moyens d’échange et de partage.

Au pluriel, le même mot signifie contenants, moyens et média.

Le pluriel des télécommunications gît dans l’origine de ces technologies d’échange et de partage, de lien et de mise en relation.

D’ailleurs, à l’origine des télécommunications trois grandes lettres, donc déjà un pluriel : P, T et T ou PTT pour poste, Téléphone et Télégraphe.

PTT n’a rien à voir avec Petit Travail Tranquille qu’on utilise souvent dans certains pays francophones pour désigner un travail paisible et sans pénibilité! Si c’était le cas, ça se saurait!

Revenons au vrai sens des PTT.

Poste pour l’achat, l’envoi ou la réception d’objets physiques divers: timbres, lettres, colis, argent…

Téléphone pour l’échange de son, c’est à dire de voix à distance.

Télégraphe pour l’envoi ou la réception d’information courte, sérieuse et urgente sans déplacement du support. Puisque les lettres écrites ne voyageaient avant que sur du papier sous enveloppes!

D’autre part, dans télécommunications, le préfixe télé traduit ce qui se passe à distance et communications viendrait de commun. Et ce dernier mot est tellement magique qu’on a du mal à résister à la tentation de l’écrire : » comme un » au lieu de commun. Comme un, c’est à dire réunis ou unis donc liés et reliés deux ou plusieurs séparés par les distances géographiques, sociales,  professionnelles… pour n’en faire qu’un ensemble. Mais ceci n’est qu’un doux et agréable jeu de mot.

A vrai dire, commun contient déjà la notion plurielle car il signifie  » les charges ».

Et la mun-icipalité qui a la même racine que com-mun est  constituée par ceux qui  » prennent » les charges, et enfin la com-mune veut dire proprement l’ensemble de ceux qui participent aux charges. Ceci est la vraie étymologie de commun.

Le pluriel a toujours accompagné les technologies anciennes, comme cela a été évoqué avec Poste, Téléphone et Télégraphe; ou récentes, puisqu’il y a peu de temps,  tous les spécialistes ne parlaient que des autoroutes de l’information: c’était le début de l’ère de l’internet. Et juste après, nous parlions des nouvelles technologies d’information et de communication : NTIC. Actuellement les NTIC ont perdu l’adjectif qui désigne la nouveauté puisque nous ne formons  et nous ne nous formons qu’aux TIC: à force d’innover, nous sommes habitués au nouveau et du coup les nouvelles technologies ne sont que des technologies.

Mais alors pourquoi donc les termes sont-ils toujours au pluriel?

Simplement, peut-être, pour désigner tout ce qu’elles peuvent c’est à dire tout ce dont elles sont capables! Et ce dernier mot est de la même famille que commun! Oui, « commun » et « capable » en en commun(!) les charges!

Tout ce dont ces technologies sont donc capables, c’est à dire tout le potentiel qu’elles renferment mais qui n’est pas encore exprimé, et qui bientôt adviendra. Ou encore toute les puissances qu’elles permettent.

Bref, tout ce qui peut arriver, surgir, ou devenir, c’est à dire tout ce qui n’est pas présent. Cela s’appelle le virtuel annonciateur de mondes nouveaux que le présent, à chaque instant, est sur le point d’accoucher.

Nous y sommes: après la naissance, au Maroc, de la télécommunication avec la télégraphie optique à Figuig au 19ème siècle vers 1845 et la télégraphie filaire au même siècle à Tanger  et après la naissance de la télégraphie sans fil ou radio à Casa, début du XXème siècle. Nous voilà au XXIème siècle où le téléphone fixe, qui fut introduit pour la première fois au 19ème siècle à Tanger, cède la place à  la 2G qui a laissé sa place à la 3G qui à son tour vient de céder la sienne à la 4G qui bientôt…

On n’arrête pas le progrès des télécommunications.

Par Ata-ilah Khaouja, enseignant de mathématiques –France-.
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