vendredi , 29 mars 2024
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Quelle éducation aux sciences et aux technologies ?

Quelle éducation aux sciences et aux technologies ?

Nous nous proposons de porter un autre regard sur la jeunesse et de prendre positivement  en considération les initiatives d’ordre  scientifique d’adolescents qui n’ont cure de mises en garde.

Par Pr. Daoud Abdelaziz
Expert UNIDO

Ils veulent vivre pleinement dans la réalité. Ils savent qu’il faut aimer ce qu’on fait et tout entreprendre pour faire ce que l’on aime car, là où se trouve une volonté, un chemin existe.

Souvent, nous nous rendrons compte qu’au départ, un petit coup de pouce est nécessaire pour mettre en route des réalisations concrètes. De nombreuses bonnes volontés n’hésitent pas à s’investir, de manière isolée ou au sein d’une organisation ou association pour organiser des classes vertes ou toute autre manifestation de découverte de la nature. Lors de ces stages, les enfants sont  invités d’abord à observer, ensuite à essayer de comprendre et enfin à imaginer. Les animateurs veillent à ne jamais pousser les jeunes mais au contraire, à leur donner une idée de projet et un contexte pour le réaliser. Dans une ambiance la plus ludique possible, nos futurs scientifiques travaillent ensemble, et apprennent parfois plus par ce type d’expérience que pendant toute une année de cours. On ne le répétera sans doute jamais assez : l’expérience pratique reste un complément indispensable à la théorie. A ce stade, il semble intéressant de développer quelques réflexions sur l’enseignement des sciences.

Deux voies principales se dessinent et se rejoignent de temps à autre. La première voie est suivie par l’enseignant qui inculque la matière théorique et, dans le meilleur des cas, expose les applications qu’il sait omniprésentes dans notre environnement quotidien. Exemple : en chimie, il développe les principes des réactions d’oxydoréduction et les explique en montrant le fonctionnement interne des piles. Il continue parfois en insistant sur l’importance pour le cardiaque qui utilise un « pace-maker » implanté dans sa peau, de disposer d’une pile qui ne doit pas être remplacée après quelques mois d’utilisation. Notons que les établissements qui ont la chance de pouvoir encore assurer des séances pratiques de laboratoire procurent à leurs élèves un complément d’une richesse trop souvent sous estimée.

En généralisant, le message peut se résumer à ceci : « voici la Science et voici ce qu’on peut faire grâce à elle ». Si l’enseignant pense à développer l’esprit critique des élèves, le message devient : « Voici ce que sont les théories scientifiques développées à partir de cette compréhension de la nature ». Une deuxième voie consiste à intégrer la première dans une problématique posée aux élèves. Il s’agit dans ce cas de placer les étudiants devant un problème concret et, au travers du choix d’une solution, de leur apprendre les fondations théoriques.   

Cette deuxième voie peut se résumer par cette formule : « Les cours de sciences ne se réduisent pas à l’apprentissage de formules théoriques qu’il faut ensuite appliquer dans un exercice pour trouver l’unique bonne réponse, pratique pour les corrections. Au contraire, les cours de sciences sont un moyen de découvrir et de comprendre modestement les choses qui nous entourent. Et au niveau des exercices, la quête de la solution unique est gérée dans un contexte plus global où l’accent est mis sur la capacité de proposer plusieurs solutions, d’en choisir une et de trouver, pour celle-là la réponse éventuellement unique». Le gain évident pour les élèves est de mieux comprendre la nature et le fonctionnement des objets qui les entourent. – La méthode leur permet de se prouver qu’ils sont capables d’observer et de comprendre et les amène à devenir plus curieux.

Comment générer autrement des vocations scientifiques qu’en les conduisant à aimer apprendre ? Par la suite, ils acquièrent un bagage qui leur permet, face à une situation, de jouir d’un champs d’imagination de plus en plus vaste et fertile. L’élève aura plus d’armes pour se positionner selon ses affinités par rapport aux différents choix de carrière.

S’il souhaite faire avancer la compréhension de la nature, il choisira la recherche fondamentale. Par contre, s’il souhaite développer des applications pour les connaissances actuelles, il pourra y arriver en choisissant, par exemple, des études d’ingénieur. Cette conception de l’enseignement n’exclut absolument pas l’ancienne. Elle la complète et est à ce titre, d’autant plus porteuse que non imposée. C’est en dehors de l’école que de nombreux projets scientifiques sont concrétisés par les jeunes à qui, une organisation ou association extérieure, a confié une idée pour les occuper intelligemment.

Cependant, une fois le premier pas franchi, ce sont les jeunes eux-mêmes qui transforment selon leur intuition, l’idée de départ et qui proposent même de nouveaux projets. Stimuler, au travers d’exemples concrets, de telles initiatives chez les adultes et les jeunes afin de communiquer  chez ces jeunes une soif d’apprendre.

Remarquons, pour finir, que les programmes de notre enseignement primaire et secondaire trop chargés et assez théoriques, ne laissent malheureusement aucun, répit, à nos jeunes, pour développer convenablement leur imagination et leur créativité…

Ajouter à cela les heures supplémentaires et de bachotage qui abrutissent nos futurs hommes de sciences et qu’il faudra bannir. Enfin, on peut également suggérer à certains de nos enseignants d’éviter les  « dictées »  des matières scientifiques et technologiques en incitant les jeunes à cultiver, à travers la leçon, un esprit critique et éveillé. Cela pourrait nous donner de meilleurs résultats…

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