jeudi , 28 mars 2024
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Oppenheimer, les Télécoms  et le vivre ensemble.

Oppenheimer, les Télécoms  et le vivre ensemble.

Robert Oppenheimer, le père du Manhattan Project,  aurait prédit la généralisation de l’espionnage des vies privées à l’aide de  la microminiaturisation des technologies. Le savant savait ce dont il parlait, lui qui irritait l’infiniment petit jusqu’à avoir réussi à provoquer sa colère sur le sol japonais : on ne s’incruste pas aisément  dans l’intimité de l’atome ! Alors que nous étions qu’en 1964, ce visionnaire, s’adressant à la société civile et   endossant un arsenal scientifique hautement avancé de la toute-puissance du monde, ne parlait que de la micro-miniature qui s’introduisait à peine dans la vie privée des citoyens. Certes, il ne parlait que de la micro-miniature, mais armé comme il l’était du savoir le plus pointu, il intuitionnait déjà la parade actuelle des nano-miniatures dans l’intime des personnes. D’ailleurs, et toujours au sujet de la conjecture d’Oppenheimer,   des noms devenus célèbres pour avoir occupé les unes de tous les média, nous ont interpellés ces derniers temps, parmi eux : PRISM ou NSA…sinon Bradley Manning, Edward Snowden ou Julian Assange…

A cet égard, les télécommunications qui n’ont cessé de bénéficier des avancées technologiques, et qui sont passées certes des micro- aux nano-technologies, iront bientôt plus bas. Et « plus bas» pourrait être pris dans tous les sens.
Téléphonies, messageries, réseaux sociaux…et j’en passe des technologies dont les  termes sont propres au jargon sophistiqué des télécommunications, tous donc vont diminuer jusqu’à les annuler, les distances entre personnes et entre Etats. Ces moyens iront jusqu’à pénétrer le privé de l’Etat, ami ou ennemi, et  l’intime de l’autre, lointain ou voisin. Et voisin dans, ce contexte, pourrait déjà se lire  et deviendra bientôt : « vois in » comme « regarde à l’intérieur ».

Et justement, à propos d’espionnage conjecturé par Oppenheimer, revenons-y, à son origine linguistique surprenante et à sa construction riche et fascinante, où il est question tout autant sinon plus de soupçon. En effet, soupçon a une forme savante qui est suspicion  du verbe « suspecter » (sub-specter) qui signifie regarder en dessous. Et pour éclairer un soupçon, on se livre à des observations secrètes et occultes des personnes et des Etats, on fait l’action d’épier, qui autrefois s’écrivait « espier » et qui serait apparenté à « espicere » dont l’origine est espèce. Et ce dernier mot nous interpelle, puisque nous serions, d’après les spécialistes de l’anthropologie, en tant qu’espèce humaine, des « homo sapiens ».
Sapiens, espèce, spécialiste, aspect tirent leur origine  d’ »épice ».
Seulement, pour reconnaître les épices, il faut bien distinguer des différences d’aspect et de goût. Ainsi, nous avons d’un côté épices et espèces qui apportent l’idée de goût et donc de saveur. Et de l’autre, distinction et reconnaissance, d’où l’idée de savoir. Et les deux, savoir et saveur se trouvent intimement liés. D’ailleurs savoir dit  exactement : « affecter du goût ».

Je reformule de nouveau. Et puisque espionnage a sa racine commune avec savoir via espèce, ce mot pousse donc à dire qu’il faut du savoir et de la science pour observer de plus près ce que fait le voisin. Pour espionner, donc pour voir de très près, tout en restant à l’écart, il faut des techniques. Mieux dit : espionner serait d’abord, des techniques pour  faire voir et faire entendre ce qui se trouve  loin de l’œil et de l’oreille, bref ce qui se trouve à distance, ce qui se dit : « TÉLÉ ». Ensuite du savoir, il en faut également, c’est-à-dire des techniques savantes et sophistiquées pour rendre COMMUN ce qui est privé et propre. Ainsi nous avons TÉLÉ  et COMMUN et d’eux à TÉLÉCOMMUNICATIONS il n’y aurait qu’une ligne à établir, ce qui est réussi grâce aux technologies de pointe.

Et c’est ce qui confirme, tout simplement, la conjecture de Robert Oppenheimer: l’espionnage généralisé par l’utilisation des télécommunications. Preuve ? Le numéro 4 de LTE MAG qui nous rappelait les enjeux des BIG DATA, la richesse de leur exploitation à toutes les fins et qui aboutissent à la maîtrise de l’Homme au détriment de celui-ci. Preuve encore ? Le numéro 5 de LTE MAG, toujours, qui nous a fait écho du salon international de Barcelone. Et là encore stupéfaction totale devant ce qui se profile  dans les temps à venir. Ceci pour soupçon et espionnage.

Et qu’est ce qui s’opposerait, alors, à la généralisation de l’espionnage que conjecturait Oppenheimer ? Avant de répondre à cette interrogation importante, permettez un petit jeu de mot doux et troublant.

Oppenheimer, d’Oppenheim (la ville allemande) et en forçant un peu,  j’avoue ce coup de force !, pourrait signifier ceci : à ciel ouvert ou en plein air pour « Open » et maison ou foyer pour « Heim ». C’est-à-dire un foyer ouvert à toute chose et à tout le monde. Alors quand les hautes technologies se baladent dans n’importe quel lieu, elles le font comme si le foyer était ouvert au plein air : « Open Heim ». Elles le font à l’Oppenheimer ! Fin du jeu de mot.

Et voici, en réponse à la question ci-dessus, ce qui pourrait s’opposer au  soupçon : le respect. Ou plus exactement : RE-ESPEC-T et où on lit et remarque le noyau « espec » qui est commun à espèce et à épice et qui signifie, encore une fois, d’abord saveur et surtout savoir comme cela vient d’être précisé. Ainsi par l’origine du mot, le respect requiert du savoir et relève donc de la mesure et de la sapience. C’est pour cela que nous  sommes des « homo sapiens ». Le respect par son origine a donc une finalité culturelle. Et d’ailleurs, on dit bien qu’elle a du « goût » la personne qui exprime une forme de culture, de finesse ou encore d’élégance.
Encore un effort : dans un autre contexte, certains récits monothéistes parlent  justement de l’arbre et de la dégustation du fruit. Et dans d’autres, la fameuse expérience humaine originelle est liée à l’arbre de la connaissance soit la saveur du  fruit et le savoir. Donc culturellement et cultuellement saveur et savoir se valent, c’est-à-dire l’une vaut l’autre. Ceci comme une reformulation d’  ESPEC.

Il reste le préfixe RE. Que voici : marquer une distance envers le voisin, personne ou Etat, distance qu’on observe des fois par marquage au sol aux guichets de certain services, observer cette distance est une marque de profond respect.
C’est-à-dire d’abord, de l’attente et de l’attention au bon endroit, sans aucune intention de déranger la discrétion de quiconque, encore moins de s’introduire dans le lieu réservé d’une personne ou dans l’espace gradé d’un état.
C’est-à-dire, encore, un regard juste non celui de l’indifférence mais plutôt celui de la déférence et de la considération. Sans aucune scopie : ni nano-scopie pour se mettre dans la peau du proche ni télé-scopie pour rapprocher le lointain.
C’est-à-dire, enfin, de l’écoute sans aller jusqu’à décrypter  les bruits secrets  du voisin ni scruter les consciences enfuies du proche, prochain ou lointain.
Tout ceci est dans le RE du respect : du retour attentif, du regard attentionné et de l’écoute pudique. Ainsi défini, le respect est la chose la mieux partagée au monde : de la cellule, qui exige une membrane, au plus gros animal qui marque son territoire, en passant par l’inerte et son atome qui déclenche sa colère quand on s’approche trop de son intimité…

Pour finir et résumer, soupçonner ou espionner ne laissent aucun atome de bruit qui ne soit écouté ni le moindre  soupçon (!) d’espace qui ne soit observé.
Aidés des technologies de pointe, soupçonner et ses variantes vont très bas dans les échelles et côtoient, avant de les dévoiler, l’invisible et l’inaudible ainsi que l’inatteignable.
Respecter impose de la distance savante et du recul mesuré sans indifférence, il fait gagner de la hauteur. Respect de l’autre, de son espace et de son intimité.
Les télécommunications comme toutes les inventions du monde fluctuent entre la grandeur et la petitesse, entre l’optimisme et le pessimisme.
Entre le pire qui est discorde et désaccord et le meilleur qui est échange et convivialité qui signifient  vivre ensemble que seul le respect peut garantir et pérenniser.
Les  télécoms, dans le respect de chacun, assurent le vivre ensemble.
Mieux encore : dans le respect, elles garantissent  le mieux vivre ensemble.

Par Ata-Ilah Khaouja, enseignant des mathématiques 

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