jeudi , 28 mars 2024
Accueil » Régulation » Entretien avec le Directeur du cabinet du ministre de l’économie numérique au Sénégal
Entretien avec le Directeur du cabinet du ministre de l’économie numérique au Sénégal
Par Ndiaye Mbaye ARCEP Sénégal

Entretien avec le Directeur du cabinet du ministre de l’économie numérique au Sénégal

Par Ndiaye Mbaye ARCEP Sénégal

On remercie beaucoup M. Mor Mbaye, Directeur du cabinet de ministre en charge de l’Economie numérique, d’avoir bien accepté de nous consacrer le présent entretien :

1- Quels sont selon vous les facteurs pouvant contribuer à une bonne transformation numérique?

Le monde professionnel a besoin de mieux s’adapter aux nouveautés de la quatrième révolution industrielle et réussir sa transformation numérique. Les facteurs pouvant contribuer à une bonne transformation numérique sont :

  • une infrastructure haut débit et très haut débit exhaustive et de qualité
  • des services à valeur ajoutée accessibles financièrement et géographiquement
  • une confiance numérique
  • un facteur humain sensibilisé, formé et débarrassé de la résistance aux changements
  • une politique volontariste, incitative et inclusive privilégiant l’innovation

2- Le Sénégal s’est doté d’une stratégie numérique à l’horizon 2025. Pouvez-vous nous parler brièvement des principaux axes de cette stratégie numérique? 

Notre a élaboré sa stratégie nationale dénommée Sénégal numérique 2025 (SN2025) en 2016. Elle est bâtie sur :

  • Une vision; « le numérique pour tous et pour tous les usages en 2025 au Sénégal avec un secteur privé dynamique et innovant dans un écosystème performant »
  • Trois pré-requis;
    • Un cadre juridique et institutionnel : Il s’agit de mettre à niveau le cadre juridique du secteur des Télécommunications/TIC afin de libérer les énergies et amorcer un développement optimal de toutes les composantes du secteur.
    • Un Capital humain : L’accent est mis sur le renforcement de la formation professionnelle pour rendre opérationnelle les compétences requises et impulser la créativité et les innovations.
    • Une Confiance numérique : La sécurité numérique est portée au rang des priorités de l’action gouvernementale, avec un renforcement de la cybersécurité nationale.
  • Quatre axes stratégiques :
    • Un accès ouvert et abordable aux réseaux et services numériques : L’accès à la connectivité au haut et très haut débit constitue pour le Sénégal une opportunité pour améliorer la croissance et faire de notre pays un hub incontournable de services.
    • Une administration connectée au service du citoyen et des entreprises : Afin d’améliorer l’efficacité et la synergie dans les services publics, l’administration sera connectée pour mieux satisfaire les usagers.
    • La promotion d’une industrie du numérique innovante et créatrice de valeur : Des réformes importantes seront adoptées pour améliorer l’environnement de soutien au secteur privé local du numérique.
    • La diffusion du numérique dans les secteurs économiques prioritaires : Il s’agit de promouvoir les usages innovants du numérique pour la productivité et la compétitivité des secteurs importants de l’économie nationale.

3- La cyber-sécurité est un enjeu important pour tous les pays en matière de numérique. Comment le Sénégal renforce-t-il sa cyber-sécurité?

Le Sénégal a élaboré et validé sa stratégie nationale de cybersécurité SNC2022 et  projette de créer une agence nationale de cybersécurité qui sera chargée de piloter la mise en œuvre de ladite stratégie, avec comme projets prioritaires :

  • L’actualisation du cadre juridique des TIC,
  • La mise en place de Centre de réponse aux incidents informatiques (CERT),
  • La protection des infrastructures d’informations critiques,
  • La sensibilisation et le renforcement de capacités.  

Mise en œuvre SNC2022

Dans la phase mise en œuvre nous comptons déjà comme réalisations:

  • La création de l’École Nationale de Cybersécurité à vocation régionale (EnVr), logée au sein de l’ENA avec une offre de formations diversifiée sur la lutte contre la cybercriminalité et la cybersécurité. Inaugurée en 2018, elle a déjà effectué sa première session de formation sur la cyber patrouille en novembre 2019. Elle dispense des modules de formation en Stratégie, Gouvernance, Sécurité des systèmes d’informations et Cyber renseignement et Lutte contre la cybercriminalité.

Cette formation cible surtout et pour le moment les administrations publiques (Forces de défense et de sécurité, Ministère et agences concernés) de l’Afrique de l’Ouest pour 2019-2020.

  • Le Sénégal à travers l’Agence De l’Informatique de l’Etat (ADIE), a créé un CSIRT (Computer Security Incident Response Team) gouvernemental en son sein pour la gestion des incidents du réseau intranet gouvernemental. Notre Département envisage de mettre en place un CERT/CISRT national global, dans un contexte géopolitique très difficile (entouré de pays perméables aux actions malveillantes) et un contexte de challenge dans l’organisation des JO Jeunes JOJ 2022 ;
  • L’élaboration et la mise en œuvre d’un plan d’actions national sur la Protection des Enfants en Ligne (PEL).

Sur le plan règlementaire on peut citer:

  • Les Lois de 2008 sur les transactions électroniques, la protection des données à caractère personnel, la cryptologie, la cybercriminalité, le code pénal et le code de procédure pénale ;
  • La Convention sur la Cybercriminalité signée le 21 novembre 2001 à Budapest que le Sénégal a été le premier d’Afrique Noire à ratifier et à devenir le 51ème État partie ;
  • La Convention de l’Union Africaine sur la Cyber sécurité et la protection des données à caractère personnel dite Convention de Malabo : le Sénégal a été le premier pays africain à ratifier cette convention ;
  • La transposition entière en droit interne de la Directive de la CEDEAO du 19 aout 2011 sur la cybercriminalité ;
  • L’adhésion à la Convention n° 108 sur la protection des données à caractère personnel.

4- la transformation numérique se base sur trois piliers : La connectivité, Le cloud, L’Open Data. Où en est-on au Sénégal par rapport ces trois piliers ?

Le Sénégal présente un classement satisfaisant à l’échelle du Continent (14ème selon le « Network Readiness Index 9 ») en matière de développement des infrastructures de télécommunications avec un effectif linéaire apprécié à environ 12.000 Km de Fibre Optique détenu par les acteurs ci-après :

  • SONATEL (opérateur) ;
  • TIGO, maintenant Free (opérateur) ;
  • EXPRESSO (opérateur) ;
  • Agence de l’Informatique de l’Etat (ADIE – structure publique) ;
  • Société Nationale d’Electricité du Sénégal (SENELEC – structure publique).

Le Sénégal est desservi par trois câbles sous-marins transcontinentaux  qui sont :

  • ACE ;
  • Atlantis 2;
  • SAT 3.

Et bientôt deux autres que sont Main One et Glo. En effet, l’opérateur Orange est en train de construire un branching – Unit sur le Câble de Main One dont la mise en service sera effective à partir de mars 2020et les négociations avec GLO entamées par l’ADIE sont assez avancées.

Ce câble permettra d’améliorer la connectivité au Sénégal et de lui assurer une résilience, ceci pour répondre aux préoccupations des populations et des différents acteurs du Cloud et des services. Il s’y ajoute une bonne couverture nationale 2G,3G et 4G,4G LTE, 4G+.

Nous comptons dans notre écosystèmes trois Cloud : un de l’ADIE et deux construits et gérés par les opérateurs Orange et Free, ces cloud sont opérationnels. Le Projet de Parc de Technologies numériques a déjà démarré la construction en son sein d’un Datacenter tiers 3 à Diameniadio.

La digitalisation fait désormais partie intégrante de notre quotidien et touche tous les domaines de notre existence (sociétés, économie, universités, l’Administration publique).

Le Sénégal en optant pour la mise en place d’une administration connectée avec la dématérialisation de certaines de ses procédures, favorise une politique d’accès libre et transparente aux données publiques.

Seulement cette politique est accompagnée de mesures responsables qui protègent le citoyen en ce qui concerne les données personnelles, mais aussi met en place des dispositifs protégeant la manipulation et l’exploitation de ces données contre des actes malveillants.

La politique des données ouvertes génère de la plus-value (efficacité de l’Administration avec les téléprocedures) et encourage l’innovation.

5- les startups sénégalaises sont de plus en plus dynamiques dans la mise en place de plateformes pour offrir divers services dans votre pays. Est-ce que le moment n’est pas propice pour justement élargir l’offre de ces services à plusieurs pays africains dans le cadre du cloud? 

Effectivement, on peut dire que le moment est propice pour nos startups d’élargir leurs offres de services à plusieurs pays africains dans le cadre du cloud. Une étude réalisée par le Ministère portant cartographie des PME et startups du numérique montre que sur l’ensemble des entreprises du secteur, 37,89% exercent des activités à l’international dont 25,26% exclusivement constituées de Startups. Avec la construction du PTN et plusieurs Datacenter, ces startups verront leurs activités renforcées sur la scène africaine et internationale. C’est dans cette perspective que nous avons déjà élaboré une loi, la Startup Act, qui a été adoptée en Conseil des ministres et déjà votée par notre Assemblée nationale. Il s’y ajoute le lancement d’un processus de labellisation de nos startup en plusieurs étapes dans le but d’identifier celles d’entre elles à fort potentiel et à encadrer, pour en faire des champions au niveau national, africain et international.

 

 

LTE.ma 2024 - ISSN : 2458-6293 Powered By NESSMATECH